Aux commandes de Spiral Stairs, on trouve un ex-Pavement (Scott Kannberg, le guitariste). A ses côtés, des potes musiciens, dont Jon Auer des Posies à la production... autrement dit pas des perdreaux de l'année : plutôt des gloires des années 90 qui se sont discrètement effacées, dont on n'attend plus qu'ils nous fassent revivre les sacrés bons moments passés à l'écoute de leurs disques respectifs. Kannberg & Co. produisent un disque à l'ancienne, dense et pop, bien fichu et sans pression démesurée. Loin des déconstructions étonnantes de Pavement, Spiral Stairs transforme un certain manque d'enjeu en beau jeu qui marque les contrastes : pressé ("True love") voire très pressé ("Stolen pills") d'un côté, et de l'autre des plages mid-tempo teintées d'americana ("Call the ceasefire", "Wharf-hand blues", " Blood money") qui prennent leur temps sans se gêner. L'influence de Jon Auer, grand fan (et membre actuel !) de Big Star, se fait sentir. Sur le versant le plus pop, Kannberg sort l'astuce accrocheuse qui emporte le gros lot : les choeurs de "Cold change" font décoller la chanson, avant que le rythme lourd comme du Led Zeppelin de "Subiaco shuffle" ne ramène sur le plancher des vaches. Dépourvu d'un charisme ravageur, "The real feel" est néanmoins une bonne collection de chansons – on s'en voudrait presque que cela ne nous suffise pas.
