On les appelait les néo-romantiques.
Produits marketing d'une mode qui dura ce que durent les modes, à
peine deux ans (1979-81), ces groupes au look de pirates couture ont
aujourd'hui tous sombré dans l'oubli (Adam & the Ants, Spandau
Ballet, le Bow Wow Wow de l'inénarrable Malcolm McLaren qui fut bien
entendu de coup-là), des groupes pour la plupart pauvres
musicalement, puisque un tube potable suffisait et qu'ensuite seul
l'emballage importait.
Le Spandau Ballet des frères Kemp eut
son tube, mondial, très bon d'ailleurs, "To cut a long story
short", un des meilleurs morceaux de 1981, mais c'est tout. "To cut a
long story short" remplissait le cahier des charges à la
perfection : pile dans la tendance, entrainant et jouissif, doublé
d'un clip parfaitement neo-romantique lui aussi, en kilt écossais
dans une église médiévale. Mais tout
le reste ne fut que remplissage à l'eau tiède.
Seule la
nostalgie paraissant aujourd'hui capable de remplir les stades, il s'est trouvé un producteur pour tenter le coup de la reformation de
Spandau Ballet, et consternation : ça marche ! La salle - le dôme
O2 Arena de Londres - est plein à craquer. Fini le look
d'antan (dans ce cas, le ridicule tuerait), Martin Kemp le chanteur ressemble
aujourd'hui à Rolland Courbis, et les autres, s'agitent comme des
musiciens jouant en playback. Étrange.
Aveu de n'avoir à offrir
qu'un seul bon morceau, le concert démarre par le tube, qu'on aurait
logiquement attendu au rappel, et voilà le public dans la poche, un
public essentiellement féminin - cinquantaine passée chez le
coiffeur avant le concert - qui se tortille en se souvenant de
l'ancien temps (soyons folles !), et qui reste dans ce même état
d'excitation jusqu'au bout d'un set d'une grande pauvreté musicale,
une Music qui se rêverait Roxy (mais n'est pas Bryan Ferry qui
veut), morceaux autant insipides que fades, joués avec une emphase
déplacée. Pauvre époque...