| | | par Emmanuel Durocher le 28/06/2006
| Morceaux qui Tuent
The burning man
From here to somewhere else
| |
| "Les chansons du faisan vert" ce nom étrange qui semble hérité d'un autre âge est le projet solo d'un trouvère contemporain, peut-être pas si à l'aise que ça dans son époque : Duncan Sumpner, un instituteur trentenaire d'Oughtibridge, petit village au nord de Sheffield.
Cet album éponyme a été enregistré durant l'été 2002 sur un quatre-pistes à cassettes et le moins que l'on puisse dire, c'est que la surprise est de taille, inversement proportionnelle aux moyens matériels utilisés pour produire ce disque. A son écoute, il en ressort une musique riche et dense malgré l'aspect lo-fi dû aux limites techniques de l'enregistrement.
Tout commence par le lumineux "I am daylights" morceau gai et léger pour gagner ensuite en profondeur avec des chansons inspirées par Pasternak ("Nightfall (for Boris P.)") ou Hermann Hesse ("Knulp") mais aussi en noirceur avec des ballades comme "The burning man" et "Soldiers kill their sisters" et se terminer par une magnifique conclusion contemplative de sept minutes "From here to somewhere else" qui aurait facilement pu se renommer "From here to eternity" pour souligner son caractère intemporel (malheureusement ce titre a déjà été pris par un excellent live des Clash et un film connu en français sous le titre "Tant qu'il y aura des hommes").
La musique rappelle bien sûr des grands solitaires comme Nick Drake, Mark Hollis ou Mark Kozelek mais aussi des duos ou trios intimistes (Simon & Garfunkel, Galaxie 500, Kings of Convenience), la voix douce et désabusée de Sumpner semble apparaître sur deux pistes à la fois et donne au chanteur un don d'ubiquité vocal et discret sur "The burning man" et "Knulp". La sincérité qui s'ajoute généralement sur trois accords fait vibrer, il en ressort une sensation de bien-être à travers le raffinement mélodique des arpèges qui font partager l'intimité et la solitude du chanteur de folk. Mais la violence est-elle proscrite pour autant chez "Songs of Green Pheasant" car il règne également une tension qui se retrouve dans les textes et se dévoile dans certains morceaux avec quelques échappées sonores.
En tout cas, une chose est presque sûre, c'est que dorénavant, il faudra compter sur ce vert oiseau dans la volière folk.
|
|
|
