Les raisons qui ont poussé Tim Howard a nommé son sixième disque "1943" demeurent mystérieuses. Il a paru en France en 2012 sur le label Microcultures, spécialisé dans le financement participatif, qui a permis de lever des fonds pour l’étape du mixage réalisé en studio ; pour le reste, comme à son habitude Howard a enregistré le disque chez lui, avec une équipe très réduite d’amis musiciens qui ont en commun le goût du travail bien fait.
Tim Howard est un des plus précieux artisans pop en activité. Il travaille une ligne claire allant des fifties (l’évidence des mélodies de Buddy Holly) aux côtés les moins sombres du Velvet underground, en portant un regard teinté de nostalgie propre aux petits-enfants des sixties comme Yo La Tengo. D’une voix frêle parfois voisine de celle de Brian Eno, Howard soigne les ambiances (les entrelacs de guitares sur "Rider sho") et les petits arrangements irrésistibles de sensibilité (le melodica sur "June"). Il prend le soin de parsemer son itinéraire de chansons pop parfaites ("Mercenary heart") dont la rigueur est contrebalancée par ce qu’il faut de désinvolture slacker.
C’est un franc soleil qui prédomine sur "1943", jusqu'à son dernier quart qui en adoucit l’éclat en le couvrant d’un voile de brume doux-amer. Une petite délicatesse acoustique ("True ox") clôt un disque dont la douceur se prolonge après écoute, comme celle d'une journée qui ne cèderait jamais la place à la nuit.