"A
whole new thing" est le premier album de Sly
& The Family Stone, groupe qui fait indéniablement partie de la
Sainte Trinité Funk aux côtés de James Brown le père et de George
Clinton le (pas toujours très) Saint-Esprit. C'est en effet grâce à
cette bande californienne que le funk et la soul sont entrés de
plain-pied dans l'ère psychédélique.
L'histoire de Sly
& The Family Stone a commencé au début de l'année 1967, lorsque Sylvester
Stewart, a.k.a. Sly Stone, alors DJ très populaire à San Francisco
et également producteur, réunit chez lui ce qui va devenir le noyau
dur de Sly & The Family Stone : son frère Freddy à la guitare,
Larry Graham à la basse, Gregg Errico à la batterie et Cynthia
Robinson et Jerry Martini aux cuivres, Sly tenant les claviers tout
en étant l'unique compositeur et le producteur de la bande.
Tous réussissaient
l'exploit d'être plus extravagants que la moyenne pendant ces années
Flower Power, et le
groupe n'a pas tardé à donner des concerts
totalement novateurs. Leurs pas de danse spontanés se différenciaient des
chorégraphies millimétrées de la Motown, très peu appréciées
par Sly.
Ils signent chez Epic après que David Kapralik a vu une performance
électrique du groupe qui l'a tout de suite convaincu. Il est devenu
dans le même temps leur manager, et s'ensuit un contrat de trois mois,
au rythme de six nuits par semaine au Pussycat a Go Go de Las Vegas. Ils y jouent les morceaux de ce qui va devenir leur premier album, le
dernier jour de libre de la semaine étant consacré à son enregistrement.
C'est
donc à la fin de l'année 1967 que sort le Lp "A
whole new thing", qui, avec le titre "Time has come today" des
Chambers Brothers l'année suivante, marque l'entrée du
psychédélisme dans la musique noire. Le meilleur exemple est "Trip
to your heart", dont l'introduction toute en bruitages – à la
manière de "A small package of value will come to you, shortly"
du Jefferson Airplane – débouche sur un refrain totalement
psychédélique. L'album est aussi ponctué par les ballades "Let
me hear it from you" et "That kind of person",
chantées respectivement par Larry Graham et Freddy Stone, les deux seuls titres où ils tiendront le chant principal.
On y trouve également "Turn me loose" une sympathique
réécriture du "I can't turn you loose" d'Otis Redding.
Mais le morceau le plus marquant est "Underdog" : après
une une introduction sur le thême de "Frère Jacques", Sly
nous invective d'un "Hey, dig!" rageur avant le début
d'une véritable explosion sonore. Essayez de vous retenir de danser,
c'est strictement impossible ! Les autres morceaux peinent à
atteindre ce niveau, mais l'album est cohérent et plutôt réussi.