| | | par Filipe Francisco Carreira le 04/04/2002
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| La conversation s'interrompit brutalement et chacun regarda l'autre d'un air interdit avant de se tourner vers l'endroit d'où provenaient ces nappes de synthés imaginaires. Il n'y avait pas de rythme, pas de mélodie, juste une rumeur lointaine et persistante. Peu à peu, les éléments se mirent en place, le climat devint lourd et oppressant, le danger se précisa. Quelque chose allait se passer, devait se passer.
"Total assault on culture by any means necessary" : la pochette annonçait la couleur et un beat martial et intransigeant devait faire le reste. On se mit alors à rêver à Cabaret Voltaire, à des trucs comme ça, des trucs de fou. Mais l'espoir fut de courte durée : le disque n'était en piste que depuis une minute trente que, déjà, le chant imitait à la caricature le style grunge et nasillard en vogue à Seattle et ce, avec un accent français à faire sourire José Bové. Une minute plus tard c'était le coup de grâce : Sin décidait de mettre le turbo et sortait du garage la 205 GTI championne du monde de tuning. Après une demi minute d'un bourrinage grotesque et indigeste, "A little rest" retrouvait ses couleurs d'origine qui avaient tant séduit mais il fallait se rendre à l'évidence : rien ne serait jamais plus comme avant. Bientôt les pitreries reprendraient le dessus, condamnant un titre prometteur à mourir dans un n'importe quoi sonore insultant. Le reste de l'album fut malheureusement à l'image de ce morceau d'ouverture, enchaînement désordonné et incohérent de boucles tantôt intéressantes, tantôt ridicules.
Sin applique à la lettre l'adage "plus vite, plus haut, plus fort" de l'Equipe Magazine, noyant chacune de ses bonnes idées dans la surenchère, renonçant à tout effort de construction véritable. Si "Untitled" et "Sinker" échappent à ces travers et gagnent l'indulgence, une reprise grossière de "Army of me" de Björk et un instrumental caché long et irritant achèvent de rendre ce disque infréquentable. |
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