| | | par Francois Branchon le 16/09/2003
| Morceaux qui Tuent You don’t know where your interest lies
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| Septembre 2003, la "reformation" de Simon & Garfunkel a droit à un sujet dans le 20h de France 2. Le duo, qui a gardé presque intactes ses voix de cristal a toujours ce même air emprunté - à 61 ans ! - de collégiens invités à en pousser une à la fin dune Bar Mitzva.
Une reformation qui met mal à l'aise, sentant un trop fort son "on-tire-sur-la-corde-de-la-nostalgie-et-on-ramasse-le-pognon" mais renvoie 36 ans en arrière, avec la parution de ce concert inédit de 1967.
Art Garfunkel, col roulé blanc à grosses cotes, Paul Simon, chandail ras le cou sur chemise blanche, lair détudiants gentils et bien propres sur eux ont déjà en 1967 quelques heures de vol. Le duo, encore très inspiré de folk en est à son quatrième album, le délicat Bookends, qui, même s'il marque la bascule vers la chanson grand public ( Mrs Robinson du film The graduate/"Le lauréat en 1968) n'en est pas encore à patauger dans le sirop (Bridge over troubled water en 1970).
Le répertoire est donc ici acoustique - les deux voix et la seule guitare de Paul Simon - et centré sur les débuts. Aux côtés de quelques chansons tubesques (The sound of silence dans ses sobres premiers arrangements , Im a rock, Homeward bound, Wednesday morning, 3 a.m....), le concert propose cette palette de variantes, fines, qui font le charme des premiers albums, incursions hors de la ligne claire du joli qui assurent à Simon & Garfunkel une caution de vrais musiciens : une reprise très méditative, presque religieuse du traditionnel Benedictus (du premier LP Wednesday morning, 3 a.m.), le bluesy Blessed (du deuxième Sounds of silence), Anji le standard des guitaristes folkeux anglais ou américains (ou Angie selon les reprises) ou le très beau You dont know where your interest lies chanté par Paul Simon, folk-blues dans la pure lignée d'un Phil Ochs (une chute inexpliquée de Bookends, restituée lors des récentes rééditions, morceau sans doute pas assez joli pour CBS, la même qui préféra affubler The sound of silence darrangements grossièrement grand public pour en faire un tube).
A condition daimer les ambiances feutrées, daccepter de franchir les apparences lisses, un concert de Simon & Garfunkel, en tout ça celui-ci, procure parfois des sensations solaires de musique immuable, et, toutes proportions gardées, une sorte de grâce en apesanteur que seuls savent distiller les artistes touchants, des Van Morrison, des Tim Buckley, ou des Perry Blake... |
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