| | | par Hugo Catherine le 08/09/2004
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| Dans "Out here. In there"., Sidsel Endresen se laisse particulièrement approcher comme chanteuse au sens classique de la chose. Le plus souvent dans cet album, elle nous conte, sous forme de chanson, une histoire, un mot, une idée. Ceci se différencie quelque peu d'autres projets au sein desquels elle peut au contraire privilégier la pure expérimentation vocale ou bien encore une forme de musique du monde atmosphérique. Ici, sa collaboration en binôme avec Bugge Wesseltoft libère une place décisive au thématisme des chansons.
Chaque titre de l'album est appréciable indépendamment du reste des compositions, cette musique se rapproche de ce que nous pouvons entendre par trip-hop ("Out here. In there") ou même simplement par pop sagement entraînante ("Try"). Il est à noter, qu'au sein de cet échange entre Sidsel Endresen et Bugge Wesseltoft, existe une véritable fidélité parole-son. L'interaction entre les souches instrumentales et vocales forme une superposition réussie, et ce à un tel point qu'il est impossible de distinguer qui de la chanteuse ou du musicien tient le rôle de la leading voice ou de l'accompagnateur.
Cette continuité de chansons n'est pas pour autant dénuée d'unité. "Out here. In there" ressemble à un glossaire sonore. Chaque titre de chanson est sujet à une illustration vocale et sonore. Au détour de chaque atmosphère, de la mélancolie cadrée proche de tonalités à la Simon & Garfunkel ("Birds") à l'expulsion parfois douloureuse du mot-pensée ("Heartbeat"), la musique de cet album s'apparente à une mise en chanson du mot, du nom, du terme. Il s'agirait presque d'une sorte de linguisme sonore : le contenu la terminologie est sujet à une sonorisation du contenant la voix, les sons ; tous les éléments rythmiques et mélodiques décortiquent les mots, les idées pour délivrer un véritable lexique sonore et chanté.
Cette sonorisation terminologique est portée à son paroxysme dans "Names, numbers" où le principe d'accumulation des termes et des noms est poussé jusqu'au non-sens ; l'utilisation d'associations de mots inattendues pourrait tout autant s'apparenter à une critique subversive du phénomène même d'accumulation, qu'à un surréalisme doux de l'incongruité et du coq-à-l'âne ; les titres "Survival techniques 1+2" et "Survival techniques 3" semblent davantage illustrer cette dernière option. Mais il n'est sans doute pas utile de trancher nettement entre l'engagement critique et l'absurde surréaliste. Reste la constante expérimentation de la voix comme organe biologique, prétexte, comme dans "Voices", à l'exploration de la superposition de nos voix intérieures. |
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