| | | par Hugo Catherine le 04/09/2004
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| Loin de ses choix les plus expérimentaux, Sidsel Endresen compose ici avec les cordes mélodieuses de sa voix. Elle s'éloigne de toute brusquerie, les phrases musicales et chantées s'apparentent à des souffles lointains et planants. Sa musique prend une tournure tout à la fois reposante, aplanissante et envoûtante.
Elle semble nous distiller un mystère profond, un mystère du fond de la terre, un murmure de la stratosphère. Les mélodies sont intensément mystiques, nous révélant comme l'âme de la terre. Nous parcourons d'un souffle le temps ("You cover time"), l'instant ("Blessed instant") et l'espace ("Distances", "Travelling still") dans le doux tourbillon des éléments naturels ("Western wind"). Cet album a tout d'une musique du monde mais rien d'une world-music aseptisée. Ce monde en question n'est certainement pas uniformisé, policé : il est venteux, souterrain, aquatique, totalement enveloppant.
Tous ces sons intérieurs nous parviennent toujours dans une grande douceur. L'accompagnement de la voix de Sidsel Endresen est ici vital, les musiciens et arrangeurs manient finement les arpèges de guitare, les touches percussives, les souffles cuivrés ou boisés, les nappes des synthétiseurs. Il se dégage une vraie pureté de ce travail discret ; le mélange d'instruments terriens - percussions, souffles - et de subtilités électroniques libère une musique délicate qui se meut d'ondes répétitives en surfaces lancinantes.
Un appel intimiste prend progressivement forme à chaque nouvelle piste. Le travail sur les intonations de la langue anglaise, les jeux linguistiques et sonores nourrissent souvent un rythme de berceuse. Parfois, la cadence se déploie, devient plus entraînante mais ces envolées n'abandonnent en rien la douceur musicale de cet album ; la voix de Sidsel Endresen, emmenée par les redoublements de la course-poursuite des battements de tambours et des mélodies d'énergie positive, peut alors prendre des accents plus bruts et primitifs : il s'agira alors bien davantage d'une plainte langoureuse que d'une accélération saccadée. La douceur est le maître-mot de ce parcours musical, et nous ne nous échapperons pas si vite de notre songe de tendresse, de notre randonnée poétique imaginaire. |
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