Un premier titre produit
par Stephen Pastel, le Ep "Shopping parade"
remarqué et très apprécié par Morrissey,
un morceau figurant sur la compilation (désormais) culte C86
du NME, quelques singles épars et un seul album... voilà
ce qu'il reste du parcours de The Shop Assistants, formé en
1983 à Edinbourg et qui demeure un bel exemple de groupe (à majorité) de
filles dans la pop plutôt masculine de l'époque. Pas
féministe pour autant, Alex Taylor, Sarah Kneale, Laura
McPhail et Ann Donald sont accompagnées du guitariste David
Keegan – cofondateur avec Stephen Pastel et Sandy McLean du label 53rd and 3rd Records en 1985.
A l'écoute cet
unique album – nommé selon les cas de façon éponyme
ou sous le titre "Will anything happen" on effectue une plongée dans la période charnière à la fois adulée et décriée du milieu des années 80. The Shop Assistants faisait le lien
entre le post-punk tardif, la twee pop émergente et le
shoegazing naissant. En se débarrassant de ces termes un peu
techniques, on peut dire que la musique de ces Ecossais est une sorte de
calendrier de l'avent où l'on découvre de jolies
petites surprises à chaque case ouverte, et où chaque titre est
une friandise au goût de madeleine plus ou moins
prononcé. "I don't wanna be friends with you", "Caledonia Rd" ou "Train from
Kansas" évoquent pas mal de formations du
mouvement twee pop comme Tallulah Gosh, les Darling Buds et Even As
We Speak, la pop doucereuse et les voix angéliques
s'accompagnent de guitares cristallines (ou "jingle-jangle")
qui se transforment en instruments d'attaque en créant un mur
du son à la fragilité extrême avec "Fixed
gun", "Home again" et "Looking
back" dans une version féminine des Jesus and the
Mary Chain. Les saveurs deviennent aigre-douces dans des mélodies
héritées du Velvet Underground et de Nico ("Before
I wake", "After dark"), corsées
dans le punk féminin de "Seems to be"
et "Nature lover" et même
indéfinissables à travers le rockabilly de "What
a way to die".
Acte caché de la
musique écossaise, "Will anything happen"
peut se classer avec fierté entre le "Bandwagonesque"
du Teenage Fanclub, "I've seen anything everything"
des Trash Can Sinatras et "Psychocandy" des
Jesus and the Mary Chain. Mais au delà de tout critère
géographique, The Shop Assistants reste l'archétype
d'une époque pour ses qualités (mélodies,
compositions, influences de choix, poids plume et bonne humeur) et
ses défauts (mélodies, compositions, influences de
choix, poids plume et bonne humeur) avec des résonances qui se
retrouvent, consciemment ou pas, chez des goupes comme les Sundays,
Lush, Electrelane et même à travers le mouvement riot
grrrl (mouvement punk féminin des années 80-90, Le Tigre, Bikini Kill...).
SHOP ASSISTANTS I don't wanna be friends with you (Video)