"Over the sun", le nouvel album de Shannon Wright, débute comme "L'élixir d'amore" de Donizetti produit par Dave Fridmann. Et c'est déjà énorme. Au long de ses albums, du plutôt folk "Flight safety"(1999) au franchement gothique "Maps of Tacit" (2000) en passant par le mini CD "Perishable goods" (2001), petit recueil plus accueillant qu'à l'habitude où elle revisitait dans le calme son propre répertoire tout en allant fureter chez les autres (cette reprise magnifique du "I started a joke" des Bee Gees), l'Américaine aura accompli le joli miracle de renouveler sa musique sans grands chambardements, en douceur...
Ce quatrième album reprend en partie les choses là où son prédécesseur de 2001 "Dyed in the wool" les avait laissées : jouer le rock comme d'autres pratiquent les arts martiaux, au corps à corps, avec une volonté quasi-militante de dénuder, d'éliminer tout superflu - démarche qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle d'un Mark Robinson (ex-Unrest).
Aidée de Steve Albini, elle enchaîne quelques bonnes chansons qui foutent les nerfs ("With closed eyes") et doivent autant au son de Chicago (Don Caballero, Storm & Stress) qu'aux premiers Blonde Redhead ("Portray", "Plea"). Mais elle livre également "Avalanche" une somptueuse balade au piano où pour la première fois elle ne donne pas l'impression de vouloir prendre son auditeur en otage, s'offre sur "You'll be the death" le luxe de quelques cordes discrètes et lorgne vers les terres de Fiona Apple le temps de "Throw a blanket over the sun".
Si Shannon Wright ne sera pas encore cette fois nominée au concours de franche camaraderie, ça fait cinq ans qu'elle occupe la platine sans qu'on n’y trouve rien à redire...