"Quand les gens écouteront le disque, je veux qu'ils se sentent heureux [...] J'espère qu'ils pourront s'y reconnaître et sentir que tout ira bien quoi qu'il se passe dans leur vie."
Robert Francis accompagne son disque d'un discours ultra-positif, le genre de blabla très américain censé véhiculer des valeurs réconfortantes. Je ne crois pas du tout dans les musiciens qui déclarent faire une musique "positive" – une attitude à la limite de la condescendance. A-t-on déjà entendu quelqu'un dans la mouise sortir un disque "positif" ? Robert Francis, 22 ans, est né avec une clé de sol en argent dans la bouche : issu d'une famille musicienne, il a été parrainé très jeune par Ry Cooder (qui pose une partie de guitare slide sur "Climb a mountain") puis John Frusciante (Red Hot Chili Peppers). Il est sans doute très bon guitariste, mais on ne l'entend pas forcément dans ce disque de pop-folk-rock au son rutilant produit par Dave Sardy (RHCP, Oasis...). Cela pourra plaire par exemple aux amateurs de Tom Petty & The Heartbreakers, ou Bruce Springsteen période "Thunder road" (le ronflant "Junebug"). Robert a un beau grain de voix qui sonne plus vieux que son âge réel, avec un voile et un phrasé pas si loin de Jim Morrison ("I like the air") : il s'en sert largement pour forcer une émotion qui pointe malheureusement aux abonnés absents. Il est dommage que des refrains faiblards plantent "One by one" ou "Where you came from", qui partait pourtant bien avec ses guitares claires (Smiths, Lloyd Cole & The Commotions). "I'll be gone before the nightfall" : nous aussi, sans pour autant s'interdire de refaire un saut chez Robert Francis dans quelque temps.