Broken kite

Reza

par Jérôme Florio le 27/11/2007

Note: 9.0    

Le quintette parisien, très volontaire pour jouer dans le réseau des toutes petites salles de la capitale (Studio de l'Ermitage, Pop'In, Pomme d'Eve…), sort son premier long format. Comme beaucoup d'autoproduits, le groupe a adopté une cadence lente (deux Ep à ce jour, "Somebody else's songs" en 2005 et "Flying girl" en 2006) – la musique est ici une passion, pas un job : arriver à un disque aussi bon que ce "Broken kite" ne doit en être que plus gratifiant.

Si Reza cite comme influence les grands songwriters folk américains (normal quand on a la voix d'un Leonard Cohen !), le disque porte une marque plus électrique : un rock urbain raffiné, mid-tempo et grave comme du Smog. "Runaway boy" et "Last night" montrent une facette plus pop et dansante ; quelques inflexions et manières dans la voix peuvent rappeler la préciosité de Morrissey. La guitare électrique en arpèges de Stéphane Francs s'enroule autour des rythmiques et des mélodies, à la manière de Felt (Lawrence Deebank) ou House of Love (Terry Bickers) : on aime beaucoup le trémolo très fifties, genre Shadows (la scie "Apache", la Stratocaster de Hank Marvin), sur "West end".
Tout cela sonne déjà bien, et en plus le groupe sait arranger sans surcharger : le violoncelle de "Flying girl" (très bon titre au riff plus agressif), ou les violons après l'intro acoustique de "Remake". "Cunning plot", avec ses guitares en rang serré et des cordes lancinantes, clôt le disque avec classe.

Disque autoproduit, "Broken kite" est une solide collection de chansons, mûres et réfléchies, enregistrées avec soin.