| | | par Hugo Catherine le 20/12/2005
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| Le toucher de René Bottlang respire la clarté. Le plaisir est tel qu'il n'est peut-être pas de plus bel hommage que de constater que les compositions et les reprises se fondent en une seule et même unité. Les créations originales les plus vertes tiennent tête aux thèmes de jazz les plus mûrs. La réussite de cet album est d'autant plus remarquable que la sélection de morceaux repris, de haute volée, nous est particulièrement familière : "So what" de Miles Davis, "A night in Tunisia" de Dizzy Gillespie ou encore "Straight no chaser" de Thélonious Monk ! Nous aurions pu craindre une énième exposition de lieux communs musicaux bien rodés, dont nous connaissons les moindres recoins. Il faut bien plutôt compter sur des interprétations vivifiantes de certaines pierres angulaires de notre référentiel jazzistique.
Au lieu de s'adonner à la recherche éperdue d'une modernité excessive, donc de façade, René Bottlang laisse pleinement vivre les morceaux retenus : le développement des thèmes n'est jamais oublié, mais jamais formaté ; les broderies mélodiques alentour prennent leurs libertés sans jamais remettre en cause la force de frappe des compositions initiales. René Bottlang retient une voie tangente, à mi-chemin entre interprétations déformatrices et respect strict des formes premières. Il sait par exemple délaisser certaines ambiances ombrageuses pour des nuances plus positives, sans pour autant renier des intonations parfois solennelles : sa gaieté peut être grave.
Qu'elles soient créations ou interprétations, les atmosphères de René Bottlang nous charment bien naturellement. Un peu à la manière du regretté John Lewis et notamment de ses dernières contributions en solo, René Bottlang crée ici un disque de pur jazz absolument pas réservé aux seuls amateurs du genre. |
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