| | | par Francois Branchon le 01/11/1998
| Morceaux qui Tuent Lotus The apologist Walk unafraid
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| Faut-il que la production rock mondiale soit avare en disques de qualité pour que "Daysleeper", titre offert le mois dernier en avant-première de "Up" ait paru si brillant ? A l'écoute de l'album, ce "Daysleeper" parait en effet bien anodin. "Up" "paraît" si fort, "semble" si immense qu'il "pourrait" bien être cet Ovni parfait que chaque groupe important essaie de pondre en conclusion du siècle ! Mais on est depuis longtemps averti de l'importance du temps pour apprécier (ou se lasser) des albums de R.E.M.. Aussi pour l'instant, "Up" sera le disque du mois, et plus tard peut-être... Bill Berry le batteur a renoncé. Le groupe est reparti de zéro, à la fois libéré de sa structure et égaré sans son pilier. Il est remplacé sans vague par une boite à rythmes ou par Joey Waronker (batteur de Beck) et ce R.E.M., différent, garde tout de même des repères familiers : la voix "R.E.M." de Michael Stipe, le son "R.E.M." de Peter Buck. Mais dans sa substance, la musique a beaucoup changé. Guidé par un Michael Stipe au physique de krishna pétrifié, "Up" tourne le dos aux arrangements rock, incorpore boucles et rythmes mécaniques. Jusqu'ici, rien de bien révolutionnaire par les temps trip-hop qui courent. Stipe et Buck citent comme influences l'album "Another green world" de Brian Eno et surtout sa théorie des "stratégies obliques". Pendant les longs mois de studio, ils l'ont mise en pratique, inter changeant leurs instruments, suscitant le chaos, cherchant la renaissance du phnix. Le résultat est là : un album sombre, perturbé, aux textes peaufinés par un Stipe qui se sent en "concurrence" avec les autres écrivains rock (Patti Smith, Natalie Merchant, Thom Yorke, Björk..), un disque traversé de réverbérations cosmiques, avec ses guitares incandescentes, ses basses saturées, ses ballades célestes, ses vibrations mouvantes, ses refrains qui ensorcellent d'emblée ("Lotus", "The apologist"), ses murs du son, ses voix entêtantes et ses mélodies imparables ("Walk unafraid")...R.E.M. est le groupe artisan d'une musique sans compromis, sachant combler les amateurs difficiles tout en ayant en poche la recette du tube miracle (Police savait faire cela à la perfection). Ils ont trouvé leur place dans cet espace que Neil Young nomme "The ditch", lieu mouvant à la lisière du grand public. Au fond du cerveau de R.E.M. s'agite la chose : le petit génie créateur qui les rend immédiatement séduisants et qui leur permet de rendre familiers des mondes intimes et uniques à peine dévoilés. |
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