Ray Lamontagne descend de son sommet à cheval sur un chariot chargé de paille, et nous fait le coup du Zeppelin : "Part of the light" enfonce le clou d’une échappée stylistique empruntée avec "Supernova" (2014, enregistré avec Dan Auerbach des Black Keys) et affirmée sur "Ouroboros" en 2016 : une folk-soul au psychédélisme suave et léché, qui évoque plus qu’à son tour quelques mastodontes de la charnière 60-70.
On se paye une grosse tranche de tagada tsoin tsoin : du blues cosmique teinté de Pink Floyd sur le vaporeux "It’s always you" ou "Let’s make it last" (pedal steel incluse dans le forfait), ou à la coloration heavy ("No answer arrives", chanté à la Screamin’ Jay Hawkins, donc du Black Keys pur jus). Sur "To the sea", une rythmique à la "Pink moon" de Nick Drake est acidifiée par des claviers sortis de "Piper at the gates of dawn" (Pink Floyd encore). Les épiques "Paper moon" et "As black as blood is blue" font le yoyo entre accalmies en plaine et montées d’adrénaline en altitude. Toute la chanson "Such a simple thing" tient sur les accords du début de "You can’t always get what you want" des Rolling Stones... "On pédalait dans les nuages"…
Ray a de sacrés atouts : un grain de voix qui gratte autant qu’il caresse, un talent de producteur et d’arrangeur qui fait maintenant jeu égal avec Jonathan Wilson par exemple. Le son est beau, ample et chaleureux. "Part of the light" est tout autant intemporel qu'inactuel. Rien ne pèse, et rien n’accroche non plus, on est partagés entre le lâcher-prise total et l’indifférence.
RAY LAMONTAGNE Such a simple thing (Live TV Usa 2018)