Hôtel de l'univers

Raphael

par Nicolas Wienders le 29/12/2000

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Cela nous aurait bien suffi
Qu'on est bien dans ce monde
Laisse faire
Petite annonce


Raphael, une gueule d'angelot susceptible de satisfaire les programmateurs du boulevard des clips. C'est déjà ça. C'est déjà fait. Heureusement ce n'est pas tout. Pas facile de débarquer sur une scène française où la mode est plutôt à l'intimisme et au dépouillé pour voix fluettes. Raphael choisit au contraire d'habiller ses humeurs tristes d'un gros son de guitares gracieuses. Les arrangements sont ciselés, à la hauteur des textes où perlent interrogations et mélancolie. Qu'est ce que l'on va faire de toute cette peine ? On aurait dû m'apprendre à aimer... Pourvu qu'on ne sente plus rien... La tradition de la qualité française avec un son de pop anglaise désabusée et de glam crade. Tel son homonyme italien le loupiot procède par touches fines et précises. Arrières plans bigrement travaillés, l'ambiance est sombre. Mais comme les visites successives devant un tableau, chaque nouvelle écoute apporte de nouvelles joies, de nouvelles découvertes. Et la lumière jaillit finalement de cette obscurité. J'ai bien du mal à rapprocher ce disque de quoi que ce soit. Ce n'est sans doute pas la moindre des qualités. Un son à la Dyonisos ? Une ambiance à la Tue-Loup ? Je ne suis pas sûr. Un chanteur qui pourrait agacer par sa voix et ses attitudes, mais finalement plein de finesse et de sincérité. Il mérite qu'on s'y attarde, pour forcément s'y attacher. Le début de la Renaissance française ?