Au sein de la grande vague country rock
des années soixante-dix, initiée par Eagles et Flying Burritos
Brothers, qui déferla sur l'Amérique en une armada de groupes
rythmés par le beat du cheval au galop - Marshall Tucker
Band, Outlaws, Poco, Cowboy, New Riders of the Purple Sage, Doobie
Brothers, Mason Proffit, Clover... -, les plus grands frissons furent
suscités par Pure Prairie League.
Sous un nom politiquement casse-gueule
de ligue de vertu qui pouvait faire craindre le pire, mais en réalité
emprunté à un western d'Errol Flynn ("Dodge city" 1939),
se cachait une bande de bouseux du village de Waverly dans l'Ohio,
des types cool, intègres, humbles et juste malades de jouer, une
sorte de Grateful Dead bucolique et bio (comprendre sans acide ni
cocaïne), emmené par le guitariste hors pair Craig Fuller : une
musique country au sens littéral du terme.
Mais une country que Pure Prairie
League, inspiré à la fois de l'énergie d'Eagles et des vocaux de
Crosby, Stills & Nash va sérieusement dépoussiérer, passant
par dessus bord bon nombre de codes du genre - exit banjo, harmonica,
washboard, yodel, accordéon... -, tout en en respectant d'autres :
le galop de cheval du beat country est là bien sûr,
les guitares acoustiques, parfois la mandoline, mais surtout va
trôner au centre du son la pedal steel guitar. Le condamné à
jouer assis chez PPL s'appelle John David Call, il va devenir un Dieu
du genre, malgré une concurrence haut de gamme chez les collègues
- Rusty Young (Poco),
Buddy Cage (New Riders), Toy Caldwell (Marshall Tucker Band), Sneaky
Pete Kleinow (Flying Burritos), Al Perkins (Manassas)...
Avec son instrument, survolant les
chansons tel un aigle de très haute altitude, John David Call
tapissera le lointain d'accords caressants, crachera des fulgurances
de trains d'antan ("Kansas City Southern"), déroulera de
délicates lianes, à la manière d'un Jerry Garcia (Grateful Dead),
lui-même pedal steel guitariste (premier LP des New Riders).
PPL sera incontournable le temps de
trois albums studio sans faille, "Pure Prairie League"
(1972, pochette de Norman Rockwell), "Bustin' out" (1973)
et "Two lane highway" (1975), étalons d'une musique acoustique et électrique, à la fois rustique et boisée, fine et
aérienne. A partir de "If the shoe fits" (1976) puis
"Dance" (1977), le groupe dérape sur la mauvaise pente du
succès vers une variété-country-rock-luxueuse, certes populaire
mais noyée sous les violons (on sauvera le morceau "San
Antonio"). Mais en 1976, le fondateur Craig Fuller a déjà
quitté le navire, parti fonder le super groupe baroque American
Flyer (Eric Kaz de Blues Magoos, Steve Katz de Blood, Sweat &
Tears et Doug Yule du Velvet Underground), et John David Call décampe en 1978.
Aucune réédition digne de ce nom
n'existait à ce jour des albums des débuts de Pure Prairie League
(y'a du monde chez RCA Usa ??), mis à part des compilations très
mal foutues. Saluons donc les Anglais de BGO de publier sur ce double
Cd l'intégrale des 1er, 2ème, 3ème et curieusement 5ème Lp.
PURE PRAIRIE LEAGUE Tears (Audio seul 1972)
PURE PRAIRIE LEAGUE Kansas City Southern (Audio seul 1975)