We love life

Pulp

par Timothy Byrne le 16/11/2001

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Wickerman


Un égout puant de la ville industrielle de Sheffield, au nord de l'Angleterre - ce n'est pas évident comme sujet de chanson, et surtout pas comme sujet de nostalgie ! C'est pourtant bien là que se trouve le vrai caractère du septième album de Pulp.

Apres la désillusion qui parcourait "This is hardcore", voici un disque plus optimiste, même s'il garde toujours un côté noir. Avec "We love life", les Pulp montrent qu'ils se sont rendus compte qu'ils ne pouvaient rien faire contre le passé; mais qu'ils pourraient peut-être changer le futur. Alors, pourquoi je vous dis ça, si les paroles parlent plutôt du passé, et même d'un passé noir et sans espoir ? En fait, il faut garder à l'esprit l'idée de la lutte des classes, présente chez Pulp depuis le début (souvenez-vous de "Common people" !). On trouve dans "We love life" le grand thème de 's'adapter et survivre', très présent dans "Weeds" et "Weeds 2 (origin of the species)", ou Jarvis Cocker compare la persévérance et la ténacité des mauvaises herbes ("Weeds" du titre) avec ces mêmes qualités dans la classe ouvrière. Y aurait-il un aspect autobiographique à l'album ? Il semble que ce soit le cas si on écoute la très introspective "Bob Lind", où Jarvis nous rappelle que les gens qui 'réussissent' ne réussissent généralement que dans un seul domaine de la vie, qu'autrement dit même une vedette de la musique peut connaître l'échec. Autobiographie aussi dans la nostalgie noire de "Wickerman", la chanson la plus atmosphérique, la plus complexe, la plus intéressante... en gros, LE grand tube de "We love life", musicalement fascinant, atmosphère rampante et gimmick de guitare inoubliable. Jarvis Cocker y raconte une histoire d'amour adolescente sur arrière-fond 'puant de l'industrialisation'. En mélangeant ces deux thèmes, il crée une drôle de nostalgie, renforçant néanmoins le message optimiste de "Weeds" (les origines modestes de Pulp et le grand pop band qu'ils sont devenus). En quelque sorte un appel à la classe ouvrière à ne pas accepter sa condition et à lutter.

"We love life" ne va certes pas bouleverser le monde, et surtout pas celui de l'industrie musicale - on a vu des albums beaucoup plus inventifs - mais on est quand même attirés par cette franchise, surtout venant d'un groupe à succès, qui aurait très bien pu perdre son 'sens commun' ('common touch').