| | | par Guillaume Cordier le 28/05/2000
| Morceaux qui Tuent Gel lab
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| Plaid délivre à sa manière personnelle un pur exemple de musique synthétique (on désignait ainsi un nouveau genre, apparu au tout début des années 70, avec les premiers synthés et les premières expérimentations sans instruments traditionnels). Deuxième tentative après "Not for threes" (excellent lui aussi) d'approcher un espace sonore sans faille, discipliné à l'extrême, où rien n'est laissé au hasard, où chaque parcelle s'engrange dans une autre afin de construire, morceau après morceau, de rebondissement en rebondissement, un univers d'une netteté et d'une scintillation hallucinantes. Cette musique est d'autant plus subtile qu'elle ne force jamais le trait. Rien de mécanique ni de prévisible. Mélodies et rythmes ne se répondent pas de façon systématique mais progressent à pas mesurés, par touches vives et délicates, se détachant un instant, revenant ensuite à la totalité, pour échafauder un ensemble d'une complexité presque parfaite. La musique de Plaid irradie, galvanise parfois (l'électro-pop dansante et jouissive de "Dang spot"), se joue des genres (dub évanescent pour "Buddy", ambient lorgnant vers... Ash Ra Tempel pour "Ralome", drum and bass avant tout), et confectionne, en prise avec un courant qu'on croirait illimité, des mélodies irrésistiblement entraînantes, perverses ou enfantines. Le côté hautement mélodique de Plaid, ces séries de notes scintillantes, montantes et descendantes, ont le don d'égarer l'auditeur, à force de détours et de variations. Ce dernier album est, en fin de compte, un surprenant ricochet au-dessus de la mare électronique. Il aura probablement des répercussions. |
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