| | 1975 | Album Original | Un CD EMI 2000 |
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SPIRALE |
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| | | par Oli le 22/11/2000
| Morceaux qui Tuent Shine on you crazy diamond (part I) Welcome to the machine Have a cigar Wish you were here Shine on you crazy diamond (part II)
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| 1973, "The dark side of the moon" éclaire le monde du rock, Pink Floyd qui se cantonnait jusque-là à des albums de rock estampillés psychédéliques, devient un groupe de légende à tous points de vue. En 1975, l'album de Pink Floyd est certainement l'un des événements les plus attendus. Le défi semble insurmontable, comment revenir sur Terre après avoir exploré la face cachée de la lune ? J'aurais bien aimé être là pour vivre ça... Nos cerveaux sont endommagés à tout jamais par le lunatique qui marche alors dans nos têtes chantonnant les tubes que restent les "Money" et autres "Time", les nôtres oui, mais les leurs ? Le vinyl, comme la réédition qui sort aujourd'hui, se drape dans un plastique noir, ne laissant qu'une élémentaire poignée de main transparaître. Avec ce nouveau contact, Pink Floyd va encore nous enflammer. Une nappe de clavier de Rick Wright lance l'album, tout est calme, et puis la guitare de David Gilmour murmure quelques notes claires qui emplissent l'espace. Brille, diamant fou, brille Syd, cette chanson est pour toi, on ne t'a pas oublié. La guitare change de ton, Nick Mason trouve ses baguettes, Roger Waters, grave, fait ronronner sa basse. Cela fait déjà un petit bout de temps que "Shine on you crazy diamond" résonne dans les salles de concert, des improvisations folles il reste deux parties, qui font plus qu'encadrer l'album. Pink Floyd se souvient de sa jeunesse, quand il jouait du côté du soleil. Avec nostalgie, il revient à ses amours, la démesure, la beauté pure, tout ça pour honorer Syd mais aussi pour se retrouver lui. Le spleen du saxophone s'efface avec le temps et surtout le tempo. J'aurais aimé que tu sois là Syd, nous sommes entrés dans le système sans toi, on va t'en parler un peu quand même. Voilà ce que semble dire Pink Floyd avec ces quelques titres. Les mains mécaniques de la machine se sont emparées d'un Floyd humain qui se défend, prisonnier d'un système qui veut en faire des stars, lui créer une histoire. "Welcome to the machine" est inquiétant, troublant, momentanément aliéné, aliénant. Sur des accords acoustiques angoissés, se battent des bruits peu rassurants qui auront raison du groupe entré dans la machine. "Have a cigar", mettez-vous à l'aise, le business a pris possession de vous, autant que vous profitiez des avantages... Monsieur Floyd est en mauvaise posture, tiraillé par son estomac et son esprit, il est reconnu mais n'est-il pas en train de perdre pied avec la réalité ? On va s'occuper de lui, mais qui mieux que lui-même pouvait le faire ? "The band is just fantastic, (...) oh, by the way, which one's Pink ?" Roger Waters s'interroge déjà sur la starisation et sa personnalité, ce cigare qu'il vient d'accepter n'est-il pas la première brique du "Wall" qu'il est en train de bâtir. Se sentant seul, il s'interroge sur ses choix et réclame l'avis d'un proche, "Wish you were here". L'une des plus belles pièces du Floyd, oui, encore une, l'introduction lointaine à la 12 cordes et sa reprise au grand jour sont réconfortantes. Pink s'est éloigné de tout ce fracas pour se poser des questions sur lui-même, doit-il changer, va-t-on le faire changer ? Rétrospectivement, nous savons que cet album est le dernier du groupe, c'est un véritable appel au secours que lance Roger Waters, se sentant mis en danger par lui-même. Et il annonce dans la suite de "Shine On" qu'il va lui aussi devenir fou "I'll joining you there". Il plonge dans un lac de solitude, rongé par son génie, mais avant de passer de l'autre côté, il lance ce dernier cri, entre appel à l'aide et avertissement pour les générations futures. Pour lui, il est trop tard, le feu s'éteint, son âme a basculé, il ne reviendra jamais de la face cachée de la lune, il en est conscient et pleure son incapacité à changer la donne. Les tourments de l'âme donnent les plus belles oeuvres, l'esprit torturé de Roger Waters nous livre celle-ci avant de s'enfoncer encore plus profondément. |
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