Acid Rock | | 1968 | Album Original | Un CD Harvest / EMI 2000 |
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SPIRALE |
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| | | par Guillaume Cordier le 19/03/2000
| Morceaux qui Tuent Let there be more light Remember a day Set the controls for the heart of the sun Corporal Clegg Jugband blues
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| Syd Barrett parti et remplacé par David Gilmour (guitare), les adeptes de l'époque ont cru que la fin de Pink Floyd était proche. "A saucerful of secrets" est venu démentir toutes ces conjectures malheureuses.
Encore très proche du génial "The piper at the gates of dawn", il s'en éloigne cependant par une approche plus sombre et plus mélancolique du psychédélisme, plus maîtrisée aussi. Cette nouvelle assurance laisse encore la part belle aux improvisations, débordements, innovations propres au premier album. Aussi peut-on parler de continuité entre ces deux premiers disques, qui constituent en quelque sorte les deux versants d'une seule et même musique, face illuminée et proprement psychédélique (entendez barrettienne) contre envers caché et nostalgique (de la puissance créatrice de Barrett justement). Cet album instaure donc une mise à distance à l'égard de l'insouciance et de l'inconscience des débuts. Moins spontané, il se retourne déjà en arrière, essayant de redonner vie à la magie et aux inventions délirantes d'un univers déjà en déclin. Le propre de cette musique était d'être éphémère, pur jaillissement de l'instant, violente percée dans l'inconscient calciné, construction permanente d'un monde en complet décalage. L'exploit de ce disque est d'avoir su conserver et ranimer, avec un lyrisme foudroyant, le feu-folie dégagé par le maître incontesté qu'a été Syd Barrett.
Plonger dans le gouffre et le chaos ("A saucerful of secrets"), pour y puiser "au foyer saint des rayons primitifs" les harmonies incomparables, féeriques ou mystiques, les lignes de basse hypnotiques ("Set the controls for the heart of the sun", la reverb diabolique de "Let there be more light"), les voix murmurantes et les churs et les cris, les arabesques sinueuses du clavier, les décharges violentes et pulsionnelles de la batterie. Au bout du compte, on peut dire que la musique de Pink Floyd n'a jamais été aussi parfaite (la magie du premier album n'étant pas associée à la perfection mais à la spontanéité et à la maladresse de l'invention). "Jugband blues" la dernière chanson, la seule qui soit de Syd Barrett, est incroyablement bancale et absurde, tant au niveau de la musique que des paroles ("And what exactly is a dream? /And what exactly is a joke?"), et fait pressentir la décomposition progressive du génie de son compositeur, d'autant plus inspiré qu'il s'approche inexorablement de l'instant fatal où il lui sera devenu impossible de créer.
NB : le studio graphique Hipgnosis signe avec "A saucerful of secrets" - et sans ordinateur - la plus belle et la plus psychédélique de ses pochettes. |
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