| | | par Sophie Chambon le 03/07/2005
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| Franck Agulhon et Pierre-Alain Goualch se sont rencontrés en 1991 : devenus amis, ils se sont rarement quittés depuis, participant à une cinquantaine de projets en sideman ou leader. Plus que complémentaires, les instrumentistes sortent chacun de leur rôle respectifs, Pierre Alain Goualch utilisant son piano avec une fougue toute percussive, alors que Franck Agulhon se joue avec élégance des harmoniques et des mélodies qui le font dériver de façon orientée hors du registre habituel de la batterie. Nous sommes dans lexploration des limites, au cur des marges.
Passage en force de ce duo ardent sur un projet articulé autour de pièces courtes, 19 titres dune à trois minutes (des petites histoires sans paroles mais non dénuées dapropos) où l'improvisation domine, le répertoire naviguant dans un espace de liberté au sein de compositions originales (hormis la reprise déconstruite avec légèreté de "Giant steps" de Coltrane). Une interaction réussie, un humour énergique, de vrais tempéraments de méridionaux (qui font mentir de tenaces a prioris). Tous ces ingrédients captés en décembre 2003 sont lessence dun album corsé qui sort sur le label nancéen EMD (Etonnants Messieurs Durand) à avaler dun trait : plus de 50 minutes architecturées finement avec de petites merveilles comme "Oberta", "Si vous lacceptez" ou le dernier coup porté avec succès "In fine veritas".
Et puis on aime cet éclectisme rare qui fait passer pour Pierre-Alain Goualch de lunivers de Gainsbourg aux chansons damour à la française revisitées dans son "Anatomy of a relationship", à ces petites pièces tout sauf faciles qui nous retournent sur le versant jazz. Peut-être que la raison dêtre de ces deux musiciens tout jeunes encore est de pousser plus loin la romance qui nous envahit tous. On suivra donc avec intérêt lévolution de ce duo dune rare intelligence musicale (qui sadonne parfois à lart du Tryo "Voici ma main" avec le contrebassiste Christophe Levan). |
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