| | | par Frédéric Joussemet le 01/02/2002
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| Rapide historique : Phonophani est le nom de scène de Espen Sommer Eide, multi-instrumentiste norvégien adepte du numérique, par ailleurs membre du duo Alog (cf les chroniques du label Rune Grammofon). Cet album est diffusé quelques semaines avant le second album de la paire, bien qu'il date d'avant leur rencontre (l'acolyte Dag-Are Haugen apparaît juste sur le dernier morceau). On reproche souvent à l'électronique d'être sans vie, simple matériau mort aux mains de non musiciens, par opposition à ces bons vieux instruments traditionnels en bois qui auraient une âme... "Genetic engineering" est l'exemple quasi parfait d'une électronique vraiment musicale, charnelle, tant les sentiments qu'elle procure se font sensations. La révélation n'est pas immédiate, il faut laisser venir les sons, les laisser évoluer en fusionnant, ils se répondent, s'entremêlent, s'entrechoquent... Les morceaux se construisent couche après couche, en prolongement ou en rupture : une nappe, une boucle rythmique, une voix, des tablas, du bruit... Il n'y a pas de limite autre que l'instinct de Espen Sommer Eide. Il retravaille chaque son en tant que tel, qu'il l'ait joué réellement ou samplé, sculptant patiemment les timbres, non seulement pour les faire vivre (comme tout Dj) mais pour en dégager l'essence vivante. Même les voix, trafiquées à outrance, gagnent en humanité dans cet univers musical dédié au camouflage. Puis la transe opère. De la rencontre avec ces sons surviennent des impressions ténues, qui persistent une fois le morceau fini tant elles sont entrées en douceur, et en profondeur. Difficile de mettre des mots sur l'indicible de ces sensations, sinon des pages entières tournant dans le vide... "Genetic engineering" de Phonophani est un 'trip' personnel, une musique organique qui agit en révélateur et n'impose rien, pas même les effets qu'elle procure. Et ils promettent d'être puissants pour ceux qui voudront bien les apprivoiser. |
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