| | | par Sophie Chambon le 27/06/2006
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| Cette paire "chic et choc" (voix-contrebasse) a réussi à traiter avec une belle homogénéité des chansons éminemment populaires qui courent du XVIème au XXème siècle et font partie de notre patrimoine collectif. Assurément il y a une couleur Magoni, celle du rouge de la robe de la chanteuse. Une prédilection que partage son complice le contrebassiste Ferrucio Spinetti, comme on le découvre dans le double portrait du Dvd de "Musica nuda", réalisé par Bonsaï music.
Un duo qui joue à nu une musique qu'il arrive à s'approprier le plus souvent malgré un déconcertant brassage des genres. Petra Magoni et Ferruccio Spinetti restent convaincants qu'ils sattaquent, en bons latins, à des chansons populaires comme la berceuse sarde "Anninia" ou le traditionnel "Mamma mia dammi cento lire", qu'ils se risquent dans un madrigal de Monteverdi très long et triste, "Volio di vita uscire" ou reprennent le célèbre "Lascia chio pianga" de Haendel, où l'ensemble voix-cordes est en parfaite osmose avec l'esprit de cet aria baroque. Petra a le charme et la vivacité d'une jeunesse bien comprise, dévoilant une extravagance mesurée et surtout, elle fait preuve de métier : question registre, elle assure et en plusieurs langues (bien que "Couleur café" de Serge Gainsbourg et "La vie en noir" de Claude Nougaro ne soient pas les reprises les plus performantes). Son compagnon (de scène) partage avec elle une grande complicité : il la suit, l'entoure et l'accompagne véritablement avec une fraîcheur, une tranquillité enthousiasmantes. Avec l'insolence de leur âge, ils n'hésitent pas à balayer un répertoire des plus éclectiques et contrastés.
Si on rit de la version marrante, absolument décomplexée de "Non ho l'eta" (une des grandes réussites de la variété italienne des années 60, par Gigliola Cinquetti), "Like a virgin" qui propulsa dans les années 80 Madonna sur le devant de la scène, est repris avec vigueur et sur un tempo encore plus soutenu. "I will survive" introduit par un long solo à l'archet ne dépare pas l'antienne virile du mondial 98, la chanson des Bleus à partir de la version de Gloria Gaynor. Si on a un faible pour la version impeccable de "Nature boy" où le duo s'exprime avec une sensibilité peu commune, on sera plus dubitatif sur la reprise de "Come together" des Beatles entonnée avec des accents rauques et sauvages à la Joplin qui confère un aspect (d)étonnant à ce tube historique de la "pop". De même, il est audacieux et tout de même très risqué de reprendre "Roxanne" de Police car la voix de Sting, tellement particulière, a marqué cette chanson et la version princeps aura du mal à être remplacée.
Le concert "Live au théâtre de Bagneux" en mars 2006 est le morceau de bravoure de ce Dvd (1h38) et justifie à lui seul le concept de ce récital, dépouillé, épuré, en rouge et noir qui souligne la qualité de la voix et le travail d'interprétation des deux artistes. L'avantage du Dvd est de montrer aussi le duo au travail, dans des scènes de la vie de tous les jours (même si elles font un peu cliché, comme celle où dans la cuisine ils se préparent un plat de pâtes). On les retrouve aussi pour une interprétation tonique de "Io sono meta" sur la plage ventée de Dunkerque, chantant Place des Vosges sous les arcades, ou pendant la fête de la musique sur les quais, chez eux en Italie, en Toscane, dans le Sud ou dans un club de Rome "La palma" avec des invités comme le trompettiste Roberto Piermartine et le guitariste Fausto Mesolella (également sur le double Cd "Musica Nuda 2"). Ainsi la version Dvd complétera le double album en proposant une représentation plus juste de ces artistes au travail.
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