Paul Williams a connu son heure de gloire dans les années 70, notamment pour avoir composé la BO et joué le rôle de Swan dans "Phantom of the Paradise" de Brian de Palma (1974). Swan était une sorte de Phil Spector méphistophélique : auteur et chanteur honnête, Williams n'a a pas le sens de la démesure ni le talent de ce dernier, mais son parcours contient néanmoins des zones d'ombre sous la forme d'addictions diverses qui ont failli lui coûter sa carrière - sans pour autant que cela contamine sa musique, assez aseptisée.
Acteur contrarié, Paul s'est vu proposer un contrat d'enregistrement par Warner Bros. après qu'il a cosigné la face B du single à succès "Tiptoe goes through the tulips" du farfelu Tiny Tim (1968). Après une tentative infructueuse avec le groupe Holy Mackerel, c'est encore en tant qu'auteur (en tandem avec le compositeur Roger Nichols) qu'il écrit "We've only just begun" qui deviendra un tube pour les Carpenters. On retrouve cette chanson sur son disque de 1971 "Just an old fashioned love song". Les titres qui l'accompagnent explorent avec insistance les histoires d'amour qui foirent, sujet de prédilection au fond assez masochiste - il faut dire que Paul n'a pas un physique de tombeur (voir la vidéo plus bas, il-est-y pas mignon avec son look de Dracula miniature et son synthé chopé à Star Trek !)
La voix mélodieuse, mais assez faible, de Paul Williams l'empêche de hurler son malheur comme un soulman, alors il joue plutôt intelligemment dans un registre intimiste qui correspond à ses capacités. L'inspiration, sur les deux disques rassemblés ici, paraît tout de même un peu limitée. La popularité de Williams ne passera d'ailleurs pas la rampe des seventies. Dans le registre pop molle "middle of the road" pour adultes (ah, le saxo sur "Waking up alone"...), pro et bien faite, on est nettement un cran au-dessous de Carole King ou... Elton John à ses débuts.