| | | par Sophie Chambon le 30/04/2001
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| D'entrée, on sait qu'il s'agit d'un album qui répond au "concept ECM", dont le côté parfois lisse peut rebuter certains amateurs de jazz, mais ce n'est point le cas ici. Par l'austérité voulue de ces douze variations, sans titre développé, comme des variations de tableaux abstraits, le trio donne à entendre la rigueur d'une musique sans concession, qui parfois dérange. La grave délicatesse du phrasé, un sens certain du discontinu chez Paul Bley (plage 9) que bouscule l'obstination taraudante d'Evan Parker dans la plage suivante ne pourront atténuer certaines impatiences. La sombre beauté de ce disque ne s'accorde pas à toutes les nuances d'humeur. Mais enfin, ce disque est à garder, sans que l'on s'enferme dans un monastère. L'âme de cette montagne autrichienne a agi sur les musiciens, qui, poussés à livrer plus d'eux mêmes, jouent ensemble en toute intelligence. Et jamais cette expression n'a eu plus de sens. Car il y a maîtrise des limites de l'expérimentation. Un nombre important de solos est aussi enchâssé dans les trios, comme de petits bijoux : Paul Bley dans la variation 6, très contrastée, sonne entre bebop et musique de chambre. Le solo qui suit, de Barre Philips, commence à l'archet pour passer à une attaque franchement percussive, retrouvant les effets de la guitare. Quant aux trois pièces de Evans Parker, deux au soprano avec la technique de respiration continue, et la dernière, une improvisation au ténor qui clôt l'album, elles coulent librement sans refuser l'exaspération de certaines audaces. |
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