| | | par Sophie Chambon le 26/05/2001
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| Mélancolique introspection dès "Seven", la première ballade de l'hommage à Carla. Partagé entre la tentation du classique piano solo (on pense au "Köln concert" avec ce premier thème ) et la plongée dans le jazz, Paul Bley ne se fige pas dans un lyrisme trop appuyé, en confiant à son Bösendorfer les oeuvres de son 'ex'. Longtemps après leur rupture, elle demeure l'un de ses compositeurs de prédilection. Très vite, on se laisse embarquer dans ce voyage qui réserve des avancées brutales, et des arrêts tout aussi fulgurants, des vitesses et développements variables. Immobilisme de ce "Closer" où l'on a peur d'approcher de trop près la figure aimée. Aucune concession à la frénésie ou à l'énergie ruisselante, une approche très intimiste au contraire, où le silence joue son rôle, souvent dans l'interruption du phrasé. Certains accords égrènent le temps comme les coups d'une horloge. Et l'on se souvient. De ce journal d'une relation privée, feuilleté plage après plage, en savourant ces cailloux de densité musicale, ces compositions toutes originales d'un amoureux de la mélodie, qui évolue entre confession, plainte, passion contenue. C'était avant, et ce n'est plus, d'où une musique tendue, sombre parfois. Avec une perception exacerbée et réconciliée, on écoute l'album avec le coeur et la raison. |
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