Morceaux qui Tuent Let it die Soul sucker Diggin' me down Fearless
Ozzy’s back !!! Ozzy’s back et il est pas content. Et il va le faire savoir. Pour son dixième album studio, Ozzy Osbourne est bien décidé à assumer son statut de porte-étendard du heavy metal. Et ça se voit dès la pochette : Ozzy, façon ange des ténèbres au sommet de la montagne, drapeau noir au vent, d’un geste de la main semble nous bénir… Ou nous maudire, qui sait ? C’est le "Prince of fucking darkness" après tout… Il y a quarante ans, ce type a quasiment inventé le heavy metal à lui tout seul et il était bien temps qu’il revienne signifier à ceux qui ne voyaient plus en lui qu’un papa gâteux de télé-réalité (la très drôle série "The Osbournes " diffusée sur MTV de 2002 à 2005) quelle était sa place véritable : celle du chef de famille.
Et pour remettre les pendules à l’heure, le Madman a commencé par virer son trop envahissant guitariste Zakk Wylde (Black Label Society) : les derniers albums "Down to earth " (2001) et "Black rain " (2007) sonnaient un peu trop comme du BLS et d’aucun se demandait alors qui était le vrai patron. Exit Zakk, son look de biker viking et ses omniprésentes harmoniques : son remplaçant devra être plus discret, plus docile. Il n’a même pas de nom véritable, juste une initiale, Gus G. Personne ou presque ne le connait. il ne fera pas d’ombre à la légende. Du passé faisons table rase : le batteur Tommy Clufetos (ex-Rob Zombie) remplace Mike Bordin (Faith No More) qui sans doute n’avait plus la foi ou bien ne voulait plus gagner des millions. (Mike Bordin est également célèbre pour avoir lamentablement échoué dans l’émission "Who wants to be a millionaire"…). Le bassiste Blasko n’est cependant pas l'unique rescapé du plan de licenciement massif. On a aussi gardé le clavier Adam Wakeman, tout au fond sur la photo… Kevin Chunko assure la production et l’essentiel de l’écriture, comme il l’avait fait sur "Black rain". Le gang (de mercenaires ?) est au complet, l’assaut peut commencer.
Et d’emblée, ça frappe fort. Fort et lourd. Fucking heavy. Le morceau inaugural s’appelle "Let it die" et annonce clairement la couleur : Ozzy ne rigole plus, il n’y aura pas de rescapés, pas de prisonniers. Il est difficile de ne pas succomber à la puissance de feu de cette machine de guerre. Le son est énorme, la rythmique bombastique, Gus G. fait du Zakk Wylde sans les artifices et Ozzy semble plus rageur que jamais. L’impression initiale est vite confirmée par les deux titres suivants, le tubesque et groovy "Let me hear you scream " et surtout par l’écrasant mid-tempo "Soul sucker " qu’on croirait tout droit sorti de "Masters of reality" de Black Sabbath. Le reste est à l’avenant, oscillant entre le très bon et le magistral, comme ce "Diggin’ me down" qui, après une superbe ouverture acoustique, développe un riff monstrueux et parfaitement irrésistible. Depuis "No more tears" (1991), on n’avait rien entendu de meilleur de la part du parrain du metal. Les uppercuts s’enchaînent avec une régularité presque métronomique. Tel un boxeur vieillissant, Ozzy mise aujourd’hui d’avantage sur son expérience du corps à corps que sur son jeu de jambes. Le dévastateur "Fearless" nous coupe le souffle que nous ne reprendrons que le temps de l’honorable ballade "Time ". Mais très vite, deux crochets au foie, le thrashisant "I want it more" suivi du syncopé "Latimer’s mercy" nous forcent à baisser la garde. Au onzième round, Iron Man décide de précipiter le KO. Et il nous expédie "ad patres" par un quasi coup bas, la séquence chansonnette émotion : "We all must stand together now/ Or one by one we fall /For all these years you’ve stood by me /God bless i love you all." En moins d’une minute, cette déclaration d’amour à ses fans qui sonne aussi peut être comme un adieu, nous envoie dans les étoiles…