Depuis ses débuts
en 2006, l'ensemble genevois à géométrie variable – figé pour
l'heure dans une formation large de quatorze musiciens sur scène –
se joue des barrières musicales avec un appétit communicatif. Ce quatrième disque "Sauvage formes" est fidèle au credo contenu
dans le nom du groupe, l'hommage attendri aux orchestres africains,
et le plaisir transgressif du dynamitage stylistique cher à un des
papes de l'art contemporain.
Pop symphonique ? Post
rock ? Fanfare ? Batucada brésilienne ? Les compositions
semblent s'écrire au fur et à mesure de leur écoute, dégageant
une sensation de spontanéité, prenant des embranchements étonnants
mais qui ne laissent jamais sur le bord de la route. A la production
(comme pour le premier disque "Rotorotor", 2014)
l'inestimable John Parish amène sans doute ce qu'il faut de rigueur
et de tranchant dans le son - avec lui les guitares ne sont
jamais lésées - pour canaliser ce bouillonnement sans l'étouffer.
"Sauvage formes" est en permanence travaillé par le
rythme, souvent dansant, une pulsation qui irrigue tous les titres.
L'OTPMD exalte le collectif, particulièrement sur scène, une
sensation que provoquaient les canadiens de Arcade Fire avant qu'ils
ne deviennent une grosse machine à concepts creux.
A la
différence d'orchestres classiques, on ne sent aucune guerre d'ego,
pas de hiérarchie, tout le monde semblant trouver son compte dans un
équilibre qui tient à la fois d'un petit miracle musical et d'un
idéal politique. La musique semble être pour l'Orchestre Tout
Puissant Marcel Duchamp une vaste Zone A Défendre (ZAD) dans la
joie.