Admirabelamour

ONJ Claude Barthélémy

par Sophie Chambon le 04/04/2003

Note: 10.0    

L'aventure de l’ONJ recommence treize ans après, pour Claude Barthélémy à la tête d'un nouvel orchestre régulier, dans une version différente, rajeunie, mais toujours animée d'un authentique esprit-jazz. Swinguant en effet dès l'ouverture, et sur un rythme qui jamais ne faiblit, on retraverse en clins d'œil enjoués et toujours humoristiques, l'histoire du jazz, de Clarence Williams "Wild cat blues", à Django "Nouillages", des "Amis de Bill" à "Faussaire" (pour Charlie Mingus), sans oublier d'irriguer cette musique de l'apport d'autres folklores urbains. Car Monsieur Claude, "écrivain de musique", chef d'orchestre brillant, situe ce projet complexe et exubérant au croisement d'innombrables références : dans un montage signé Barthé, tout en accélérations, déséquilibres permanents, collages surprenants, on navigue du Nord au Sud, dans une géographie bigarrée des continents, de l'Afrique à l'Asie sans oublier l'Amazone. Cohérent dans la discontinuité même, virtuose émancipé, curieux des moindres nuances, le maestro nous entraîne librement dans sa "planet-music", savante et joyeuse , fidèle à son idée de "réconcilier l’atonalisme, le lyrisme et la mélodie, et d’entretenir le petit carré de forêt qui lui a été confié, entre Boulez, Hendrix , Munir Bachir et Sonny Rollins". Dans ce premier disque référence qui projette de plain-pied dans l’univers passionnant de Claude Barthélémy, se déploient ses hommes, en grandes manœuvres, troupe de treize musiciens magnifiques, qui, ainsi drivés, (se) jouent de toutes les difficultés, comme dans l’éclatant "Admirabelamour" ou l’électrisant "Nu Nu blues". Souhaitons à cet ONJ aussi bien tenu par son chef d’être reconnu et encouragé par la "Jazzosphère", afin de remplir son rôle auprès du public, de créateur et d’"expositeur" de nouveaux talents, d'ambassadeur de cette musique aimée. Longue vie à l’Orchestre !