| | | par Hugo Catherine le 09/11/2006
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| Mesdames et messieurs, bienvenue à Luna Park Hotel ! La voix d'Olivia Louvel nous annonce que nous sommes à quai. Après l'épuisement de la visite accomplie, nous voilà donc de retour à l'hôtel, injonction d'une voix évanescente. Les paroles d'Olivia Louvel exercent une fascination fuyante, tant dans leurs versions anglaises que françaises, une fascination de la nuit. Dans un style post-electroclash, Olivia Louvel semble exprimer la lassitude d'un acharnement passé. Sur le ton de l'ennui, elle ressemble à une Miss Kittin lasse et fatiguée, qui, après une virée mode Frank Sinatra, s'ébroue dans un apaisement proche de l'endormissement. Après la fièvre de l'agitation, il est temps de rêvasser, mais à quoi donc ?
D'une voix un peu baveuse, dans une humeur de nuit de road-trip arrêté, Olivia Louvel est doucement absurde : "j'ai encore changé de rouge à lèvres, je l'ai pris plus sombre et cendré". Rêvasser, c'est-à-dire rêver d'un rien, à son rouge à lèvre. Le chant ne se laisse pas enfermer dans le carcan de la rime : il s'agit de phrases chantées l'air de rien. Le voile dans la voix de la chanteuse n'est pas sans rappeler Björk et confère aux morceaux une langueur plus qu'une lenteur, une lassitude plus qu'une fatigue, un univers plus sombre que noir.
L'album "Luna Park Hotel" laisse entendre une vraie maturité musicale car son habillage sonore, d'apparence effacé, est très chiadé. Plus intéressante qu'il peut y paraître, l'electronica de cet album, tantôt jazzeuse tantôt hardeuse, révèle un travail des sons exigeant. La mise en valeur des paroles est permise par un bon son, tout simplement : art du fondu, petits effets de voix, jeux de stéréo réussis, rythmes distendus sans être décousus. Un album de chant faisant swinguer les adeptes de pure électro est un objet rare. Il faut donc se laisser happer par la poésie d'Olivia Louvel, d'un air dégagé : "c'est une jolie chute ; je me laisse avaler".
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