| | | par Jérôme Florio le 31/07/2007
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| Guitare acoustique contre batterie, un combat a priori déséquilibré - le pot de terre contre le pot de fer. Mais Nina Nastasia a un sacré caractère : elle est épaulée depuis ses débuts par Steve Albini (son premier disque, "Dogs", sort en 1999 sur le label joliment nommé Socialist Records), dont la production près de l'os sert encore ici au mieux ses chansons enregistrées en compagnie de Jim White (batteur des Dirty Three et Smog).
Les structures des chansons sont plus ou moins définies : le disque a dû être enregistré rapidement, sans chichis, ce qui change de la soupe d'une Isobel Campbell. Nina Nastasia, pour être comparable à Shannon Wright ou CatPower (côté "Nude as the news", sur "What would the community think" en 1996, avec ce chant qui s'intensifie jusqu'aux sanglots étranglés), sonne davantage tragédienne country-folk à l'ancienne. Elle jouit également d'une moindre audience. Guitare électroacoustique et batterie sont étroitement mêlés dans le mix, traitées à égalité. On a parfois du mal à les isoler, on compte alors les points en essayant de voir qui prend le dessus. Jim White semble parfois se caler sur les compos de Nastasia en faisant son truc de son côté ("The day i would bury you"), mais il fait partie de cette catégorie de batteurs très musicaux, comme Thomas Belhom, qui savent remplir l'espace en variant les approches et les frappes. Nina Nastasia ne cherche pas à forcer son naturel, joue en arpèges et laisse White s'engouffrer dans les brèches. Dans les meilleurs moments, la rythmique serre de si près la chanson qu'elle risque de l'étouffer, comme un corset trop serré : quand Nina parvient à s'en extraire, ça produit son petit effet ("I write down lists", "Odd said the doe").
"You follow me" est un bon disque à parité parfaite, à la fois féminin et rugueux, qui sait déclencher ses orages intimes. |
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