Paris mars 1871, après avoir connu un terrible siège pendant la guerre franco-prussienne les Parisiens sont en conflit avec l’Assemblée Nationale élue en février après l’armistice. Celle-ci, à forte majorité monarchiste, a choisi de siéger à Versailles, de capituler devant les Prussiens et à désigné le sinistre Thiers comme chef de gouvernement. Ce dernier multiplie les provocations contre la capitale, massivement républicaine.
Des centaines d’artistes s'engagent dans la Révolution, sensibles à l’idée de république sociale et nombreux sont ceux à rejoindre la Garde Nationale. C’est le cas de Raoul Avoir, artiste graveur nommé lors de la Commune à la tête du commissariat du 14e arrondissement. Il se retrouve alors confronté à une série de meurtres atroces et commence à mener l’enquête parallèlement à ses devoirs envers la commune. Grâce à son sens de l’observation et son talent pour le dessin, il part sur les traces du coupable qui devient peu à peu une obsession. En parallèle sa compagne Nathalie s'engage au cœur de la Révolution de façon plus radicale, en manifestant avec Louise Michel, ouvrant une école communale pour les filles.
A travers "Rouges estampes", les scénaristes Carole Trebor et Jean-Louis Robert et le dessinateur italien Nicolas Gobi remettent en lumière l’histoire trop souvent méconnue de la Commune. 72 jours jusqu’à la semaine sanglante dont on a commémoré les 150 ans cette année 2021. Alors, les Parisiens avaient tenté une expérience sociale et démocratique inédite qui résonne encore d'actualité de nos jours : séparation de l’Église et de l’État, réquisition des logements vides pour les sans-abri, école laïque gratuite et obligatoire...
Cet ouvrage est très instructif car très bien documenté, on "vit" véritablement le Commune de l'intérieur. Il se double d'une intrigue criminelle qui en fait aussi un bon polar. Une réussite.