Mother of Two est une famille monoparentale, puisque après
quelques Ep en trio Julien Gaulier (Hey Hey My My) en est la
principale cheville ouvrière. Il semble avoir atteint son but :
obtenir la garde du son "indie pop" à guitares des années
90.
Julien a fait de son "Beeing nice doesn't pay" une sorte
de grosse madeleine en forme de best of de Frank Black,
Weezer… On est à la limite du plaisir coupable régressif mais pas
d'erreur sur la marchandise, c'est du bon boulot très mélodique,
avec des guitares qui sonnent bien - ce qui est complètement
indispensable à la réussite du disque. Mother of Two pourrait être
un genre de tribute band, mais avec des chansons originales,
sauf une reprise copie conforme et assumée comme telle de Ween
("What Deaner was talking about"). Le but ne semble pas
être de recréer un quelconque âge d'or musical (les années 90
n'auront accouché d'aucun bouleversement majeur) mais de faire
revivre avec un esprit taquin et partageur (le duo "Colorblind"
avec la Suédoise Johana Wedin) le son d'une époque, une manière
d'alterner couplet calme - refrain énervé qui parlera à tous les
fans des Pixies. Oui cela fait plaisir, on doit avoir à peu près le
même âge que l'auteur ("199094") donc on est dans nos
pantoufles, et on préfère même écouter ça au dernier Shins. La
copie est meilleure qu'un original qui a perdu de sa magie. En
filigrane on ne peut s'empêcher de se poser la question à laquelle
les Kinks de Ray Davies n'apportaient déjà pas de réponse en
1968 : "Where have all the good times gone ?".
Sans aucune nostalgie.