Regolelettroniche

M.B. + E.D.A.

par Hugo Catherine le 01/07/2010

Note: 7.0    

"Regolelettroniche", de Maurizio Bianchi et Emanuela De Angelis, est un album hautement cosmisque dont l'écoute active est réservée aux plus valeureux.

"Earthly Principle" est un souffle sans fin, d'une continuité ondulatoire, et annonce une musique complexe, pénétrée, perturbée. Et vous n'avez encore rien entendu : "Cosmic norms", oxymoresque, est un bruit lumineux de plus de 25 minutes. La piste s'apparente à une phrase-drone dont la monotonie est entrecoupée de virgules respiratoires, l'espace de quelques instants. Nous confondons souffle et son, passant fébrilement de la perception de voix à l'ingurgitation d'un flot d'un bloc. Nous superposons inconsciemment cette soufflerie imposée imposante et nos propres ébats respiratoires. Cela crée un poids. Subrepticement, la respiration se mue en grincement, quasiment, nous ne sommes plus sûrs de rien. Reposant ? Stressant ? La question reste entière. "Cosmic norms" s'achève dans un très long decrescendo, jusqu'à l'endormissement.

L'album se poursuit avec "Universal order" et nous comprenons vite que MB+EDA s'efforcent de maintenir une unité de fond et de forme. Après tout, l'ordre universel n'est-il pas une variante de la norme cosmique ? Le souffle respirant et ondulatoire s'apparente à une figure sonore indépassable, première et fondamentale. Dans un style radical et austère, MB+EDA créent une sensation sourde et déséquilibrante. Malgré une complexité infinie, se dégage une sensation d'épure. L'apparition soudaine d'un son de laser cadencé viendrait presque perturber notre plénitude. Pris dans un endormissement ample, cet événement nous apparait inutile.
Le son de MB+EDA nous encercle et écrase le temps : illumination ou abrutissement ?