Ca me vexe

Mademoiselle K

par Chtif le 21/03/2007

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Crève


Considérons la chose du point de vue du mâle. Le spectateur lambda. Machiste, donc. Sous cet angle-là, la méfiance est de rigueur au premier abord. Il y a rarement plus énervant qu’une chanteuse rock qui veut faire plus mec que son poilu de batteur. Qui cherche d’emblée à clouer le bec aux blagues sexistes en ouvrant sa grande gueule. Mademoiselle K, à première vue, c’est un peu ça : en coulisses, la parisienne braille plus fort que tout le monde, et enchaîne les bonnes grosses vannes avec un air de "m’as-tu vue ?" qui éveille les soupçons. Cette fois, pourtant, pas d’imposture : Katerine (son petit nom, à ne pas confondre avec un autre amateur de boas roses) assume sa féminité avec des trucs en plume multicolores, joue de la guitare de façon honorable, et préfère, selon sa bio, la verveine à la picole bovine. Ouf.

La demoiselle est extravertie, certes, mais comme le sont les timides en manque de confiance et de reconnaissance. Reconnaissance que Mademoiselle K ne cesse de réclamer sur son premier single, "Ca me vexe". Accrocheur pour les passages radio, un peu lassant à la longue, le morceau donne le ton : le chant en français bien assuré trouve sa place entre Anaïs et M, avec quelques gimmicks de texte amusants à reprendre en chœur. Les guitares pop-rock dansent dans l’air du temps, une grosse lichette de Pixies-Radiohead par-ci, un doigt de garage par là. La première moitié de l’album est à l’unisson, avec une poignée de titres enlevés, sans surprise mais enthousiasmants. Les mâles sus-nommés apprécieront tout particulièrement de se faire amocher par le bagout sans appel de la maîtresse de maison sur "Crève".

La deuxième mi-temps se passera surtout entre filles, une fois n’est pas coutume. Sans fausse pudeur, Mademoiselle K dévoile ses petits secrets sous forme de lettres directement adressées à son prétendant. Elle doute, a peur du vide, veut faire quinquette avec son chéri… Les morceaux plus rêveurs (quelques influences post-rock pas dégoûtantes), plus intimistes trouveront surtout écho chez les jeunes auditrices en peine d’amour qui trouveront là une bonne copine à qui se confier. Le disque s’achève sur un "Final" taillé pour les fins de concert mais un peu maladroit sur disque avec ses "Est-ce que ça vous a plu ? Est-ce que vous reviendrez ?". Toujours cette volonté de se rassurer… Un conseil, les gars : vaut mieux écouter Mademoiselle K, sinon on court droit à la bouderie, et on l’aura bien cherché. Après tout, une face A que les mecs ne renieront pas, une face B pour les filles… Pourquoi pas ?