| | | par Hugo Catherine le 16/09/2011
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| "Slice
repair" n'impose ni une écoute active, à l'affût du moindre
bruit, ni une écoute passive, celle du semi-endormissement. Les deux
sont possibles, selon votre état physique et mental. A moins que
l'écoute de l'entre-deux soit celle de l'inconscient ; car
Lugano Fell nous introduit dans un monde miraculeux où nous
percevons, dans le creux de l'oreille, des sonorités qui semblent
pourtant lointaines et enfouies. Cette perception proche-lointaine
crée un éblouissement auditif, comme une perte d'équilibre :
une sensation alimentée par la démultiplication des couches
sonores, la recherche d'harmonie entre, d'une part, sonorités douces
et claires, bruits stridents et grinçants d'autre part, surgissement
de sons puis silence abrupt, procédés d'accélération ou de
déstructuration.
L'approche
est avant tout électroacoustique, avec une utilisation répétée de
sons de la vie quotidienne : chaises, portes, voix, nature ;
les triturations tendent à les rendre abstraits, voire inquiétants,
coupés de leur milieu naturel. L'atmosphère des morceaux est
parfois tendue, nous avançons à tâtons, dans des tunnels
électroacoustiques. Dans les bruits mis bout à bout, nous devinons
des prémices de récits. Ainsi, sur "Preform naple", la
voix d'un conférencier nous accompagne, dissertant sur
l'accessibilité de la culture dans la société actuelle :
voilà qui est à la fois de la musique-réalité et tout simplement
assez dada.
Lugano
Fell a un faible pour le minimalisme répétitif, cela s'entend.
Notamment sur le dernier morceau "Two hundred clocks and a
metre", nous faisons l'expérience intense d'un scintillement
permanent, d'emballements successifs, d'une superposition de
battements. Sur "Malpenza" aussi, la pulsation ressemble à
une minuterie rouillée : sensation de course effrénée jusqu'à
l'épuisement total, l'essoufflement fatal. |
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