Prophètes et nains de jardin

Ludwig von 88

par Fer Fre le 23/08/2003

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Harry Callagan
Paponade
Rocky Balboa
Maria Callas + Placido Domingo


Mince, voilà qu'on réédite les Ludwig. Grands agitateurs de cette scène indépendante qui agita l'hexagone fin 80, les Ludwig von 88 s'appréhendent comme un croisement sauvage entre Jean Yanne, Crass et Cloclo sous datura. Adulé le temps d'une œuvre (le mythique "Houlala"), tenu dans un respect moral plus que musical par la suite, le combo déguisé est le désinvolte signataire de disques trop fendards pour susciter le passionnel émoi. Reste que les 88, à défaut de faire dans le culturellement lourd, déplacent magnifiquement le terrain sur celui du quinzième degré. L'intitulé même du présent opus, "Prophètes et nains de jardin", aura de lui-même averti le lecteur qu'il n'est pas ici en face d'une formation crust anarchiste. Punk clownesque, jeux de mots à deux balles et délires turbo-diesel sont le foyer de la présente thématique nominative, les 22 pistes portant les noms de vedettes plus ou moins périssables. Le résultat est une collection de chansons fort attachantes, l'art des Ludwig étant de faire adhérer les auditeurs à leurs créations, soit en privilégiant les ritournelles sur les paroles ("Ayrton Senna", "Maria Callas + Placido Domingo" ou "Alain Prieur"), soit le contraire, "Paponade", "Rocky Balboa" et surtout "Jacques Chirac" demeurant corrosif à souhait (voire carrément insultant dans le cas de ce dernier qui, à l'époque de l'enregistrement, dérivait lourdement). Le must reste la neuvième piste, "Harry Callagan (I wanna be a poulet)", détournement hilarant du mythe de l'homme au gros pétard. Ces réussites sont accompagnées d'essais foirés, insipides voire insupportables (les épisodes "Charly Oleg") mais gageons que le quota de daubes fait pleinement partie de l'univers Ludwig. Pas indispensable donc, mais totalement nécessaire.