Le septet anglais David John & the
Moods né en 1963 se change en Little Black Fat Pussycats au gré de
départs de membres (Fred Kelly chez Rare Bird), puis en Purple Haze
début 66 (avant Hendrix), pour finalement prendre le nom de Little
Free Rock (à cause d'Hendrix) en 1968, quand il décroche un contrat
chez Transatlantic et sort son premier album, cet éponyme "Little
free rock".
Un album victime d'amateurisme de sa
conception à sa sortie : chez Transatlantic, label folk par
excellence (Dubliners, Bert Jansch, John Renbourn, Pentangle...) on
semble se marrer entre deux joints à signer un groupe "qui fait
du bruit" et on se laisse déborder, les sessions aux Studios
Morgan sont enregistrés par un débutant, et le groupe, qui aime
jouer dans les conditions du live perd une bonne partie de son
énergie au fil des nombreuses prises. Le disque sortira un an plus
tard et sera un four. Entre temps, il affirme son rock blues
tranchant et juteux sur scène, en première partie des Stones, de
Daddy Longlegs, de Freedom, et attire l'attention de Peter Green en
rupture annoncée de Fleetwood Mac. Les sessions en sa compagnie
furent parait-il impressionnantes, sauf pour leur label et rien n'en
sort. Coincé par un contrat de trois ans avec Transatlantic, Little
Free Rock n'a d'autre issue que de se dissoudre.
Leur premier et unique album est ici
réédité, conforme à la légendaire puissance des trios
guitare-basse-batterie. On pense à Taste (de Rory Gallagher) mais à
plusieurs reprises, c'est Cream qui vient à l'esprit, que ce soit
pour ces longs morceaux ("Making time") où s'enchainent et
se répondent les solos, ou pour ces atmosphères plus feutrées et
denses ("Dream" ou "Blud", leur "White room"
à eux).