| | | par Francois Branchon le 21/11/1999
| Morceaux qui Tuent Ce pays Route 99 Les mégots
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| Lorsque les Négresses Vertes se retrouvèrent en 1993 orphelines de leur chanteur Helno, on se demanda quelle suite pourrait avoir cette aventure très liée à une saga collective et générationnelle de musiciens français d'avant la "french touch" (Mano Negra, Ludwig Von 88, Satellites, etc...), affirmant une identité originale et une autorité reconnue jusqu'à l'étranger. Ils furent pratiquement le premier groupe français à s'imposer dans le Londres de la fin des eighties, où il était de bon ton d'écouter les "Nigresseuses Veurtes" et compte des fans dans l'Europe entière, d'Italie aux Pays Bas, d'Allemagne en Espagne. Après le semi-échec de "Zigue zague" en 1995 et loin de vouloir ressusciter une formule ou entretenir une nostalgie, Stéphane Mellino, Matias Canavese et les autres Négresses ont douté, cherché, tâtonné trois ans (notamment avec le producteur Clive Martin), pour finalement tout remettre en cause et confier le destin de ce retour à l'inattendu Howie B. (Björk, Massive Attack...). Si ce n'est pas leur premier contact avec le monde des machines (collaborations avec Massive Attack, Norman Cook ou William Orbit pour les "10 remixes"), c'est la première fois qu'ils lui confient l'entière responsabilité d'un album. Pari risqué, mais pari réussi car le résultat est séduisant : à part le moyen "Leila" en ouverture, qui semble vouloir rassurer les fans en faisant la transition avec le passé, tout n'est que raffinement, rythmiques trip-hop chatoyantes, sonorités flottantes et un "groove" qui enveloppe l'auditeur du début à la fin du disque. Certes, bien des choses ont changé : la tonalité "acoustico-sympa" cède la place à la conquête de l'espace et l'accordéon n'est plus au centre du living. Les morceaux sont mélodiques, swinguants ("Les mégots", qu'un Kent pourra toujours rêver d'écrire, "Easy girls"), impressionnants de classe ("Hasta llegar", "Chien des ports"), rappellent Gong (si si ! "Igniacius" et sa belle intro) et frôlent le sublime avec "Ce pays" et surtout "Route 99". Les Négresses sont redevenues Vertes ! |
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