| | | par Sophie Chambon le 05/10/2003
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| Laurent Coq, Français à New York, Marseillais d'origine, tire son épingle du jeu et impose son empreinte dans le melting-pot de la grande pomme. Quatrième disque en leader, depuis 1998, début d'une première reconnaissance, "Like a tree in the city" témoigne d'une réelle envergure. C'est un pianiste peu prévisible qui a su oublier ou parvient à nous le faire croire, les influences déterminantes de la jeune génération. Musicien qui a choisi une rhétorique résolument jazz, il a choisi de travailler au sein d'un quartet mixte où la parité est respectée, l'autre Français étant Jérôme Sabbagh, saxophoniste ténor effervescent. Très soucieux de la composition, il a écrit toutes les parties de cette suite à l'exception d'un titre-hommage à Kenny Kirkland "Dienda". C'est d'ailleurs son "art poétique" que d'improviser en se fixant des contraintes formelles. En suivant ces consignes préétablies, tension et équilibre, fluidité des échanges bien gouvernés, rupture de rythmes, brisure qui devient elle-même sérielle, apparaissent dans un espace de jeu libre et renouvelé, entretenu par une rythmique américaine exemplaire. Dans la lignée de Billy Higgins, le jeune Damion Reid montre dans "Friday night at Nick's" en particulier, souplesse, énergie et limpidité.
A l'évidence ces quatre-là ont trouvé leurs marques sur un répertoire original, en multipliant les éclatements, les contrepoints. Tout se déroule en référence à une certaine idée de la musique, et le quartet essaie moins de définir un style que de dégager un ton, léger et grave à la fois. D'une ballade mélancolique qui ouvre l'album à un "I dare you" obstinément réitéré, la promenade s'engage vers des reliefs plus abrupts mais toujours accessibles, comme dans "Round trip". Une musique immédiatement séduisante, suffisamment personnelle, qui recèle en prime une des composantes essentielles du jazz : la prise en compte du hasard (musique de coups de dés) et donc d'un certain sens du risque. |
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