Filesharing

Laub

par Rodrigue Ducourant le 30/08/2002

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Mofa
Neulich
Getriebe


Gonzales, est un faux fou, calculateur, compositeur habile, et défricheur de talent sur son Label Kitty-Yo. Et quand on cherche de l'électronique en Allemagne, à Berlin notamment, il n'est pas difficile de dénicher des pépites tant la scène germanique est riche et dense, dénuée de buzz médiatique, tout le contraire de la grosse baudruche "french touch" qui nous les brise toujours aussi menues. Mais Laub n'est pas une découverte de Gonzales (deux albums déjà, avant Kitty-Yo). Ce serait plutôt un sauvetage, tant ce groupe n'en a pas fini de ramer, de se retrouver paralysé par le doute, et de revenir ragaillardi par de nouvelles idées. "Filesharing" est un album pondu dans une forme d'impulsion, mais après de longues réflexions. Album cogito, et beau, il faut un moment pour en débusquer tous les envoûtants mystères. Après de longues écoutes, on peut certifier que cette musique est SOUL, profondément soul, même si c'est de l'électronique, même si c'est un chant chuchoté, susurré. Pour s'en convaincre, s'envoyer en l'air avec le planant "Mofa", moite et imparable, tube en puissance si toutefois les ondes lui étaient ouvertes pour convaincre. Plus loin, "Temporaries" renoue avec les constructions étrangement symétriques que l'on n'avait plus rencontrées depuis le merveilleux et méconnu "EX:XL" d'808 State, où Björk s'était affûtée à l'électro avant de plus tard planer solo avec "Debut". "Worstpur", berceuse génétiquement modifiée, sereine, jouant avec les souffles comme aime tant Martin Grichmann aka Console. "Neulich" souple et soul, acrobate, fait avaler les derniers a priori sur "l'inélégance" de la langue allemande, tant le chant de Intye glisse avec facilité dans l'oreille. On continuera avec la drum'n'bass ludique et envolée de "Reichlicher" pour tomber sur le superbe "Getriebe", bande son idéale pour disparaître sur un coup de tête, en voiture sur l'autoroute. Soul, toujours très soul. C'est un album qu'il faut défendre, neuf compositions très denses, où la gratuité n'a jamais droit de cité. Neuf histoires qui ne se donnent pas facilement, réclament du temps, comme sur tout album réellement fractal. Mais à la fin la récompense de s'être donné la peine, et à ce prix là, il y a un "avant" et un "après" Laub dans la manière d'aborder la musique.