Dans "Vingt ans après" d’Alexandre Dumas (1845), les mousquetaires (Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan), veillis mais pas ramollis, reprennent du service pour une nouvelle aventure. On pourrait dire la même chose des frères Sourice, vingt ans après la séparation des Thugs, fleuron du rock français (tendance punk et noise) à la street credibility inattaquable des deux côtés de l'Atlantique. Comme souvent chez Dumas, il est question de famille(s) : des trois mousquetaires Sourice restent Eric (guitare et chant) et Pierre-Yves (basse), épaulés et boostés par Félix le fils de Pierre-Yves (guitare) et les frères Belin du groupe Daria.
Rust never sleeps. On retrouve des fondamentaux qui résistent au passage du temps : une qualité de lourdeur et de densité, un fond mélodique noisy-pop et la maîtrise du larsen. Tout a changé et rien n’a changé : la fibre engagée (le concert anti-FN à Vitrolles en 1997 avec Noir Désir...), moins ostentatoire que chez d’autres, est comme des braises qui ne veulent pas s’éteindre, prêtes à raviver un feu en sommeil ("Black gloves").
De la concision punk en deux minutes ("Lollypop and candy cane") à des morceaux plus architecturés avec recherche de tension et relâchement ("Voices", "Homicide", "It’s only love"), LANE défend son bout de terrain avec la dernière des énergies.