Nixon

Lambchop

par Francois Branchon le 21/02/2000

Note: 7.0    

Quand en 1998 Kurt Wagner, le petit génie excentrique leader et chanteur à voix sableuse de Lambchop, promouvait son album "What a man spills", il annonçait déjà la couleur, prédisant que le prochain serait LE grand disque du groupe.

Parole tenue ? Conçu pour rivaliser avec les meilleurs prototypes de musique pop élaborée, intelligente et techniquement parfaite, "Nixon" - sa noirceur voilée, sa désespérance, son humour à la noix - n'est pas un ovni promis au statut d'objet culte. Le groupe y est au grand jour et n'a pas lésiné sur les moyens : des arrangements à grand spectacle et volutes de chœurs enluminant une bonne partie des morceaux, avec des thèmes tout droit sortis de la country de Nashville ou de la soul sucrée des années soixante-dix (genre Curtis Mayfield). Mais tous ces ingrédients et ces styles cohabitent, s'entrechoquent à un moment ou un autre, s'opposent parfois en apparence pour en fait parfaitement se compléter, grâce à un humour fin et constant, le vrai fil rouge de "Nixon", à l'image de ces chorus de trompettes à la Herb Alpert croisant des riffs de guitare saturée ("Up with people"). La voix n'est pas en reste avec ses petits dérapages subtils et ses dérives étranges (la fin de "Grumpus"), inventant une sensualité décalée du meilleur effet ("What else could it be?"). Le plus accessible à ce jour de leurs albums (savoureux, intelligent, intègre).