| | | par Chtif le 17/09/2006
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| La Manutention, sympathique groupe de chanson rock française, débarque un peu de Dijon, un peu de Metz, un peu des Vosges, enfin on ne sait pas trop, peu importe tant qu'il y a un troquet dans le coin pour fêter les retrouvailles. Trois gars, trois filles, l'équation (hétéro) idéale pour une soirée à croiser les sourires dans le reflet de la tireuse. En toute logique, les onze chansons de leur premier album "En chantier" se dégustent comme autant de petits ballons de blanc au comptoir.
Les compositions font partie du cépage classique mais derrière les éléments habituels (la voix un peu erraillée, la guitare sèche et la caisse claire qui roulent dans l'arrière salle), se dégagent de charmantes notes de violon, d'accordéon et de flûte. Au fond tinte un glockenspiel comme on trinque les verres. Une Tête Raide pointe souvent son nez, mais reste un agréable compagnon de coudée pas trop envahissant. Tous les registres sont abordés : les contines à la Dickens ("La rue", en porte-à-faux entre ses couplets emballés et ses refrains tristounes), les petites tranches humoristiques ("Robert", et son
évocation des "voix vulgaires" des VRP), et la guinguette qui valse...
On y parle de guitare, de chômdu, de Monctceau-les-Mines, des filles et de la vie surtout. Le trait est un peu forcé d'ailleurs, s'appesantit un peu sur le
côté authentique et rural, mais c'est un aspect inhérent au genre. Les textes se réservent une marge de progression mais font déjà quelques jolies
étincelles, semblant parfois accouchés sur le zinc bien après que les chaises aient été retounées sur les tables. A ce propos, messieurs-dames de la
Manutention, surveillez l'auteur du "Surréaliste", il devait être au taquet, là.
Pour une auto-production, le boulôt accompli est impressionnant : son nickel, pochette à l'unisson. On regrette juste qu'ils n'aient pas livré le concert qui
va avec. Pour se consoler se niche au creux du disque une petite perle océane, "La Marinette", un duo mixte revigorant comme une ballade en bord de falaise. Il y a des falaises à Dijon ? Dans leur troquet, il paraît qu'on en a vu. Pas "cru voir", hein, "vu". |
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