Morceaux qui Tuent Allons enfants... La Canaille Arrêtez ce train Une goutte de miel dans un litre plomb L'usine
En s’ouvrant sur la reprise de "La Canaille", chanson révolutionnaire scandée en 1871 par les Communards, La Canaille (le groupe) donne immédiatement le ton : du rap de gauche qui, malgré des influences marquées (La Rumeur, Chien de Paille...), prend de la distance vis à vis de la culture hip hop... S’inscrivant dans la tradition du rap militant et dénonciateur, La Canaille s’attaque à des thèmes et des points de vue pas forcément habituels chez les rappeurs : la religion ("Ni Dieu ni maître"), l’argent et sa place dans nos sociétés ("Le fric") ou le travail à l’usine ("L’usine")…
L’originalité du groupe tient aussi dans la complémentarité de ses membres. Marc Nammour (chant) franchit les frontières des genres musicaux en s’aidant de ses musiciens venus du rock (Marc Barnaud, guitare), du jazz (Walter Pagliani, basse) et du hip hop (Nicolas Rinaldi, Dj). Non sans rappeler l’alchimie qu’avait su créer Oxmo Puccino avec les JazzBastards, ce mélange des genres est séduisant. Le résultat final est un hip hop avant-gardiste qui a su garder le socle fondateur du rap, un chant militant, tout en habillant les textes de mélodies travaillées. Au fil de l’album, les décors changent, passant d’un univers feutré teinté de jazz ("Allons enfants…") à des ambiances plus rock ("Mon camp"), en passant par du hip hop plus traditionnel ("Arrêtez ce train"). La Canaille c’est aussi la voix de Marc Nammour, une voix délicieusement grave et monotone, parfois hypnotisante ("Allons enfant..."), au service d'une écriture subtile, incisive et soignée.
Cet album underground est un fabuleux melting pot musical. Mature, aboutit et singulier, il satisfera les amateurs d’un rap sensé et élégant…