Klaus Nomi a surgi
au début des années 80 tel un Ovni, un look de
clown blanc kraftwerkien, une voix de nulle part, entre soprano et contre-ténor
d'opéra, et une musique new wave synthétique (on dirait
aujourd'hui électro-pop) somme toute banale. Tout semblait dissonant
dans cette chose Impossible à appréhender et à classer,
comme si au-delà de la seule musique, le reste aussi était
synthétique, que l'accent allemand prononcé plongeait encore plus
profondément dans l'étrangeté et l'inconnu. Mais peut-être
recherchait-il précisément cela. On n'aura jamais eu la réponse
puisque juste après son deuxième album Nomi fut l'un des premiers
fauchés du Sida.
Mais comment avait-il pu se faire signer sur une grande maison de disques comme RCA ?
Quelques mois auparavant, en décembre 1979 à New York, Bowie est l'invité principal du Saturday Night Live, avec une carte blanche. Il n'a rien "à vendre" et propose des reprises sur le mode extravagance queer de trois de ses morceaux ("The man who sold the world, TVC 15, Boys keep swinging), versions provocatrices et arty (costumes en vinyle noir, robes épaulées, tailleur d'hotesse de l'air), avec deux choristes (Arias et Nomi) fringués par Mugler qu'il fait se promener devant lui avec un caniche en peluche rose.
Klaus Nomi végétait dans l'underground new-yorkais, Bowie lui apporte la lumière et la signature chez RCA (label de Bowie).
Deux albums parus de son vivant donc ("Klaus Nomi" 1981 et
"Simple man" 1982), une compilation publiée par RCA à sa
mort ("Encore" 1983) et un live sorti en 1986 ("In
concert"). Le succès commercial fut limité (le Sida en 1982
c'est encore pestiféré) mais la notoriété non négligeable, et
non estompée avec le temps. L'homme est même devenu culte et modèle
de référence dans un monde où les drag-queens occupent les soirées
des chaines publiques de télévision et remplissent les Zéniths.
Quarante ans plus
tard, après des décennies d'expérimentations électroniques en
tous genres, Nomi n'est pas du tout périmé. Cette réédition
soignée de ses quatre albums vinyles trouvera à coup sûr son
public.