In the wake of Poseidon

King Crimson

par Frédéric Joussemet le 08/09/1999

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Cat's food


Il est souvent dur pour un groupe de s'élancer vers un deuxième album, et le combat semblait perdu d'avance pour King Crimson. Ian McDonald a définitivement quitté le groupe pour cause d'incompatibilité d'humeur avec Robert Fripp, et si Greg Lake (voix) et Michael Giles (batterie) sont restés, c'est uniquement pour aider à l'enregistrement de l'album. Bob Fripp et Pete Sinfield (qui offre toujours ses poèmes au guitariste pour les enluminer) s'affirment donc comme le noyau créateur, secondé par de nouvelles recrues. Peter Giles (frère de Michael et comparse dans le pré-crimsonien "Giles, Giles & Fripp") s'avance avec sa basse en bandoulière, suivi de près par Mel Collins (sax et flûte) et Keith Tippett (piano). "In the wake..." est un album de transition, où une bonne moitié des chansons (la première face du vinyle) est une refonte systématique du premier album : une chanson rapide (proche de l'hystérie pour ses parties de guitare), une ballade orchestrée par des flûtes, et enfin une autre au mellotron. Difficile de ne pas y retrouver le brelan "21st century schizoïd man", "I talk to the wind" et "Epitaph" de "In the court of the crimson king". Seulement il semble impossible, même pour un génie comme Robert Fripp, d'égaler ces merveilles sur leur propre terrain. La seconde partie est donc la plus intéressante, surtout pour "Cat's food", performance vocale de l'album pour Greg Lake, où l'apport de Keith Tippett est phénoménal. Pianiste d'avant garde et adepte du free-jazz, il tisse une maille d'accords dissonants sur la structure sans faille de Fripp, révélant une nouvelle facette de cette somptueuse musique. Cependant une face de vinyle ne fait que vingt minutes... Si cet album n'était pas royalement cramoisi, on s'en serait contenté, mais au regard de son univers, King Crimson est capable de bien plus.