| | | par Elhadi Bensalem le 19/07/2007
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| Il paraîtrait qu'une chanson de Keren Ann jouée à New York peut provoquer un tsunami à Tokyo. Car oui, tout comme la théorie du chaos, le cas Keren Ann est compliqué. D'abord considérée aux côtés de Benjamin Biolay comme incarnant "le renouveau de la chanson française", la demoiselle a voulu s'émanciper de cette étiquette d'épicier qui ne fait illusion qu'auprès d'un public compris dans un périmètre qui va de Belleville au Marais. Comment ? En s'exilant (bonne idée) à New York et en écrivant en anglais. Là où "Not going anywhere", son précédent album exclusivement dans cette langue, se distinguait par des chansons sans turbulence mais souvent intelligemment composées, Keren Ann sert ici un album pour pioncer, carrément, dont l'écoute dans son lit ne laisse conscient que jusqu'à la deuxième piste, la troisième pour les insomniaques caféinés.
Pour cet album éponyme, on a dépêché Joe Baresi, producteur américain habitué des projets au burin, qui a sorti pour l'occasion son plus beau Sonotone et a mixé une petite brise, le silence, une chorale de sourds-muets, un fantôme, une pièce de monnaie qui effleure une table en formica, la voix de Keren Ann, une guitare coincée au fond d'une abysse... Un Joe Baresi qui n'a autrement dit pas servi à grand-chose, sinon d'aider à gonfler le sticker sur le disque. Les chansons, dans le fond pas si détestables, restent bloquées au stade initial, comme autant de bonnes idées atrophiées par une contemplation sous sédatif. Essayons donc de rester éveillés jusqu'à la deuxième piste, place réservée traditionnellement au titre le plus efficace d'un album, cest ici "Lay your head down", contentement avant un grand sommeil qui ne sera rompu que par "Caspia" en fermeture d'album, qui nous impose bon gré mal gré une sous-traitance taïwanaise d'Eric Serra.
Une question taraude l'amateur lambda de folk et de skiffle, peiné par tant de lenteur ambiante : fait-on aujourd'hui tourner les 45 tours à la vitesse des 33 ? |
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